Comprendre l'urticaire chronique : Guide complet pour les patients sur les éruptions cutanées de type urticaire. A68

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L'urticaire chronique (éruption cutanée) touche environ 500 000 Américains, soit une prévalence de 0,23 %, principalement des femmes de plus de 40 ans. Elle entraîne une altération significative de la qualité de vie, comparable à celle de patients atteints d'une maladie coronarienne en attente d'un pontage aorto-coronarien. Le diagnostic repose sur la présence de papules spontanées ou inductibles et d'un angio-œdème durant plus de 6 semaines. Le traitement suit une approche graduée, débutant par des antihistaminiques de deuxième génération et pouvant évoluer vers des médicaments biologiques comme l'omalizumab. La plupart des cas sont idiopathiques, bien que des associations existent avec des maladies auto-immunes, des infections et des facteurs déclenchants physiques. Environ 35 % des patients voient leurs symptômes disparaître dans l'année suivant le traitement.

Comprendre l'urticaire chronique : guide complet pour les patients

Table des matières

Qu'est-ce que l'urticaire chronique ?

L'urticaire chronique se caractérise par des plaques rouges (papules), un gonflement (angio-œdème) ou les deux, pendant au moins 6 semaines. Elle diffère de l'urticaire aiguë, qui dure moins de 6 semaines et dont les déclencheurs (aliments, médicaments, infections) sont souvent identifiables.

Les patients consultent généralement un allergologue ou un dermatologue, mais le médecin généraliste est souvent le premier interlocuteur. La maladie évolue par poussées imprévisibles et des démangeaisons intenses qui perturbent la vie quotidienne.

Quelle est sa fréquence ?

On estime que 500 000 personnes aux États-Unis sont touchées, soit 0,23 % de la population. La maladie peut survenir à tout âge, mais elle affecte surtout les femmes et généralement les personnes de plus de 40 ans.

L'impact sur la qualité de vie est important : démangeaisons nocturnes, sommeil perturbé, limitations physiques et émotionnelles. Des études montrent que cet impact est comparable à celui de patients cardiaques en attente de pontage.

Les troubles anxieux ou dépressifs sont plus fréquents chez ces patients que dans la population générale. Les outils d'évaluation de la qualité de vie aident les soignants à mieux appréhender ce fardeau.

Types d'urticaire chronique

On distingue deux formes principales :

  • L'urticaire spontanée (anciennement "idiopathique"), sans déclencheur identifiable
  • L'urticaire inductible (anciennement "physique"), provoquée par des facteurs comme le froid, la chaleur ou la pression

Parmi les urticaires inductibles, les plus courantes sont le dermographisme (5 % de la population, mais peu de formes sévères) et l'urticaire cholinergique (5 % des urticaires chroniques, jusqu'à 30 % des formes inductibles).

Causes des poussées

Les lésions sont dues à l'activation des mastocytes cutanés qui libèrent de l'histamine – responsable des démangeaisons et du gonflement. D'autres médiateurs (leucotriènes, prostaglandines) sont également impliqués.

Des cytokines et facteurs vasoactifs provoquent une dilatation des vaisseaux et une fuite de plasma. Les lésions montrent une infiltration de lymphocytes, parfois aussi d'éosinophiles ou de neutrophiles.

Contrairement à l'urticaire aiguë, la forme chronique reste souvent sans cause identifiable. Pour les urticaires physiques, un stimulus (froid, pression...) déclenche la libération d'histamine. Certaines formes, comme l'urticaire aquagénique (provoquée par l'eau), ont des mécanismes encore mal compris.

Reconnaître les symptômes

L'urticaire chronique se manifeste par des plaques rouges et surélevées, qui démangent, pouvant apparaître n'importe où sur le corps. Elles mesurent de quelques millimètres à plusieurs centimètres et disparaissent en moins de 24 heures sans laisser de traces.

Environ deux tiers des patients ont à la fois des plaques et un angio-œdème (gonflement profond), un tiers n'ont qu'une seule de ces manifestations.

Sur les peaux mates ou noires, les rougeurs peuvent être moins visibles, mais les démangeaisons et le relief des lésions persistent. Il arrive qu'aucune lésion ne soit visible en consultation ; le diagnostic peut alors s'appuyer sur l'histoire du patient et des photos prises pendant les crises.

Comment est posé le diagnostic ?

Le médecin interroge le patient sur la fréquence, la durée et l'aspect des poussées. Des douleurs, des brûlures ou des lésions persistantes (plus de 24 heures) qui laissent des bleus peuvent orienter vers d'autres diagnostics (comme une vascularite).

Pour les urticaires inductibles, des tests de provocation permettent de confirmer le diagnostic :

  • Dermographisme : le frottement de la peau provoque des plaques en 1-3 minutes
  • Urticaire au froid : application de glace pendant 5 minutes déclenche une poussée au réchauffement
  • Urticaire cholinergique : exercice ou immersion dans l'eau chaude provoque de petites papules
  • Urticaire retardée à la pression : un poids appliqué sur la peau entraîne un gonflement heures plus tard

L'urticaire à l'effort nécessite une vigilance particulière car elle peut évoluer vers un choc anaphylactique. Les patients concernés doivent avoir sur eux de l'adrénaline auto-injectable et éviter de faire du sport seul.

Maladies parfois associées

La plupart des urticaires chroniques sont sans cause identifiable, mais certaines maladies sont plus fréquentes chez ces patients :

  • Infections (hépatites B/C, virus Epstein-Barr, herpès, Helicobacter pylori, parasites)
  • Maladies auto-immunes (lupus, polyarthrite juvénile)
  • Problèmes thyroïdiens
  • Certains cancers (lymphomes, leucémies)
  • Tumeurs ovariennes ou prise de pilule contraceptive

Ces associations restent rares. En l'absence de symptômes évocateurs, aucun bilan complémentaire systématique n'est recommandé (peu rentable et rarement utile).

Traitements et prise en charge

La prise en charge suit une progression par paliers, identique chez l'adulte et l'enfant. Certains facteurs (alcool, stress, opiacés, règles) peuvent favoriser les crises. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont à éviter ; préférer le paracétamol.

Palier 1 : Un antihistaminique H1 de 2ᵉ génération, pris quotidiennement (et non seulement lors des crises). Moins de 50 % des patients sont bien contrôlés.

Palier 2 : Augmentation de la dose (jusqu'à 4 fois la dose standard) ou ajout d'un autre antihistaminique ou antileucotriène. Une courte cure de corticoïdes peut calmer une poussée sévère, mais les symptômes peuvent réapparaître à l'arrêt.

Palier 3 : En cas d'échec, plusieurs options :

  1. Omalizumab (anticorps monoclonal) : traitement de référence approuvé, très efficace pour améliorer les symptômes et la qualité de vie
  2. Ciclosporine : si l'omalizumab échoue après 6 mois
  3. Autres traitements (dapsone, hydroxychloroquine...) : efficacité variable, selon les cas

De nouveaux traitements (ciblant d'autres voies de l'inflammation) sont en cours d'évaluation.

Évolution à long terme

Un an après le début du traitement, 35 % des patients n'ont plus de symptômes et 29 % voient leurs symptômes s'atténuer. Les chances de rémission sont meilleures pour l'urticaire spontanée (47 %) que pour l'urticaire inductible (16 %).

La présence d'angio-œdème, une maladie sévère ou une thyroïdite auto-immune sont associées à une évolution plus longue. Un suivi régulier est nécessaire en raison de l'imprévisibilité de la maladie.

Recherches en cours

La recherche vise à comprendre pourquoi certains patients développent une urticaire chronique. Certains ont des auto-anticorps, mais leur rôle exact reste flou.

La présence de ces auto-anticorps, de marqueurs de l'inflammation ou d'IgE sériques pourrait peut-être un jour aider à prédire l'évolution ou la réponse aux traitements. Pour l'instant, aucun bilan biologique systématique n'est recommandé.

Conseils aux patients

Même sans cause identifiée, des traitements efficaces existent. Il est important de :

  • Prendre son traitement tous les jours, et pas seulement pendant les crises
  • Éviter les facteurs aggravants (AINS, alcool, stress)
  • Collaborer avec son médecin pour identifier d'éventuels déclencheurs
  • Avoir des attentes réalistes sur les délais et résultats du traitement
  • Avoir sur soi de l'adrénaline si risque de choc (urticaire à l'effort)

De nouveaux traitements sont en développement, offrant de l'espoir aux patients les plus sévèrement touchés.

Sources

Article original : Chronic Urticaria
Auteur : David M. Lang, M.D.
Publication : The New England Journal of Medicine 2022;387:824-31
DOI : 10.1056/NEJMra2120166

Cet article s'appuie sur une publication scientifique révisée par des pairs. Il en reprend les conclusions essentielles, les données et recommandations, en adaptant le langage pour le grand public.