Effets secondaires de la spironolactone et de l'éplérénone dans l'hypertension - Partie 2. 11

Effets secondaires de la spironolactone et de l'éplérénone dans l'hypertension - Partie 2. 11

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Le Dr David Ellison, MD, expert de renom en hypertension et néphrologie, détaille les effets secondaires des antagonistes des récepteurs des minéralocorticoïdes, tels que la spironolactone et l'éplérénone. Il souligne les risques d'hyperkaliémie, en particulier chez les patients souffrant d'insuffisance rénale ou sous d'autres traitements. Le Dr Ellison aborde également les effets secondaires œstrogéniques, comme la gynécomastie. Il propose des stratégies pour gérer l'hyperkaliémie et présente le finérénone, un nouveau médicament pour la prise en charge de la maladie rénale chronique.

Prise en charge des effets indésirables des antagonistes des récepteurs des minéralocorticoïdes dans l'hypertension et la néphropathie

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Risque d'hyperkaliémie avec les ARM

Les antagonistes des récepteurs des minéralocorticoïdes (ARM), tels que la spironolactone et l'éplérénone, exposent à un risque significatif d’hyperkaliémie, c’est-à-dire une élévation du taux sanguin de potassium. Selon le Dr David Ellison, il s’agit de l’effet indésirable principal de ces médicaments. Ce risque est nettement accru chez les patients atteints de néphropathie préexistante, ainsi qu’en cas d’association avec des inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou des antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA II), fréquemment utilisés dans les pathologies cardiaques et rénales.

Métabolites de la spironolactone et néphropathie

Le Dr David Ellison souligne une différence pharmacologique majeure entre la spironolactone et l’éplérénone : les principaux inhibiteurs actifs des récepteurs des minéralocorticoïdes ne sont pas la spironolactone elle-même, mais ses métabolites. Chez les patients ayant une fonction rénale normale, ces métabolites ne s’accumulent pas de façon problématique. En revanche, en cas de néphropathie, leurs concentrations peuvent devenir élevées, entraînant un blocage puissant et prolongé des récepteurs.

Le Dr Ellison explique que cette accumulation rend l’hyperkaliémie particulièrement difficile à traiter chez les insuffisants rénaux sous spironolactone. L’effet hyperkaliémiant peut persister jusqu’à une semaine, du fait de la présence prolongée des métabolites actifs. Ce phénomène ne se produit pas avec l’éplérénone, qui constitue donc théoriquement une option plus sûre, même si elle peut être légèrement moins efficace dans certains contextes cliniques.

Prise en charge de l'hyperkaliémie

Face à une hyperkaliémie sous ARM, l’objectif est de contrôler le taux de potassium tout en maintenant le traitement bénéfique. Le Dr Ellison décrit plusieurs stratégies : augmenter la posologie des diurétiques de l’anse en cas de surcharge volémique, car ils favorisent l’excrétion potassique, ou recourir à de nouveaux chélateurs oraux du potassium.

Ces chélateurs agissent au niveau intestinal en limitant l’absorption du potassium alimentaire dans le sang. Leur utilisation permet de poursuivre un traitement par spironolactone ou éplérénone tout en prévenant une hyperkaliémie sévère, notamment chez les patients à haut risque d’insuffisance cardiaque ou rénale.

Effets indésirables œstrogéniques des ARM

Outre l’hyperkaliémie, les ARM peuvent provoquer des effets indésirables de type œstrogénique, en raison de similitudes structurales entre les hormones stéroïdiennes. Le Dr Ellison indique que la spironolactone peut se lier aux récepteurs œstrogéniques, entraînant une gynécomastie chez l’homme ou des irrégularités menstruelles chez la femme. Ces effets, parfois très gênants, peuvent nuire à l’observance.

Ils sont dose-dépendants : rares aux faibles posologies (25-50 mg) utilisées dans l’insuffisance cardiaque, mais plus fréquents à doses plus élevées. L’éplérénone, plus spécifique des récepteurs des minéralocorticoïdes, n’entraîne pas ces effets et présente donc un avantage clinique notable pour les patients concernés.

Considérations posologiques élevées dans des situations particulières

Le Dr Ellison aborde les cas où des posologies élevées d’ARM sont nécessaires, augmentant ainsi le risque d’effets indésirables. Les patients atteints d’hyperaldostéronisme primaire, caractérisé par une surproduction d’aldostérone, ou ceux présentant une cirrhose avec ascite et œdème, requièrent souvent des doses de spironolactone allant de 100 à 200 mg par jour, voire plus.

À ces posologies, les effets œstrogéniques (gynécomastie, troubles menstruels) deviennent très fréquents et peuvent altérer la qualité de vie. Il s’agit donc de concilier les bénéfices du blocage de l’aldostérone et la gestion de ces effets indésirables.

Nouveau médicament finérénone pour la néphropathie

Le Dr Ellison présente le finérénone, un nouvel antagoniste non stéroïdien des récepteurs des minéralocorticoïdes approuvé par la FDA ces deux dernières années. Développé spécifiquement pour ralentir la progression de la maladie rénale chronique, en particulier la néphropathie diabétique, il élargit les indications du blocage de l’aldostérone au-delà de l’hypertension et de l’insuffisance cardiaque.

Les premières données suggèrent que le finérénone pourrait induire moins d’hyperkaliémie que la spironolactone, bien qu’aucune étude comparative directe ne soit disponible. Son arrivée offre aux cliniciens une alternative prometteuse pour la prise en charge de la MRC, avec un profil d’effets indésirables potentiellement plus favorable.

Transcript intégral

Dr. David Ellison, MD: Pour la spironolactone, l’éplérénone ou les autres antagonistes des récepteurs des minéralocorticoïdes, les effets indésirables sont bien distincts. Le principal écueil est l’hyperkaliémie. Ce risque est accru chez les patients atteints de néphropathie ou prenant des IEC ou des ARA II.

Un point important : ce ne sont pas la spironolactone elle-même, mais ses métabolites qui inhibent les récepteurs. Chez les insuffisants rénaux, ces métabolites s’accumulent et peuvent provoquer une hyperkaliémie persistante, difficile à traiter et pouvant durer une semaine. Ce problème ne se pose pas avec l’éplérénone, qui serait théoriquement préférable, même si elle semble parfois moins efficace.

Face à l’hyperkaliémie, on peut augmenter les diurétiques de l’anse en cas de surcharge volémique, ou utiliser de nouveaux chélateurs oraux du potassium, qui limitent son absorption intestinale. Cela permet de maintenir le traitement tout en prévenant les complications.

Un autre effet indésirable notable des ARM est leur action œstrogénique. La spironolactone peut entraîner une gynécomastie ou des irrégularités menstruelles, effets dose-dépendants, rares à faible dose mais gênants pour les patients. L’éplérénone, plus spécifique, n’a pas ces effets.

Dans certaines situations, comme l’hyperaldostéronisme primaire ou la cirrhose avec ascite, des doses élevées de spironolactone (100-200 mg/j ou plus) sont nécessaires, et les effets indésirables œstrogéniques deviennent alors fréquents et préoccupants.

Je mentionnerai enfin le finérénone, un nouvel ARM approuvé récemment pour ralentir la progression de la maladie rénale chronique, notamment diabétique. Les données disponibles suggèrent un moindre risque d’hyperkaliémie comparé à la spironolactone, bien qu’aucune comparaison directe n’ait été faite. Il s’agit d’une indication émergente prometteuse pour le blocage de l’aldostérone.