Le Dr Francesco Maisano, expert de premier plan en revascularisation coronaire hybride, explique comment cette procédure allie pontage coronarien et pose de stent. Il détaille la philosophie qui sous-tend cette approche avancée du traitement des maladies coronariennes multi-tronculaires. Le Dr Maisano souligne également le pronostic à long terme supérieur offert par un pontage artériel mammaire vers l'artère interventriculaire antérieure (IVA). Il prône une collaboration étroite entre chirurgiens cardiaques et cardiologues interventionnels. Cette stratégie hybride vise à optimiser l’adhésion des patients et à améliorer leurs résultats cliniques.
Revascularisation coronaire hybride : Allier pontage aorto-coronarien et angioplastie pour une prise en charge optimale des cardiopathies
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- Qu’est-ce que la revascularisation hybride ?
- Philosophie de la procédure
- Indications thérapeutiques actuelles
- Bénéfices et acceptation par les patients
- L’avenir de la prise en charge par l’équipe cardiaque
- Transcript intégral
Qu’est-ce que la revascularisation hybride ?
La revascularisation coronaire hybride est une procédure cardiaque sophistiquée qui combine stratégiquement deux traitements éprouvés pour les artères coronaires obstruées. Elle associe le pontage aorto-coronarien (PAC) à l’intervention coronaire percutanée (ICP) avec pose de stent.
Le Dr Francesco Maisano la décrit comme une alliance des atouts de chaque approche. Conçue spécifiquement pour les patients atteints d’une maladie coronarienne multi-tronculaire, cette procédure est réalisée par une équipe collaborative réunissant chirurgiens cardiaques et cardiologues interventionnels.
Philosophie de la procédure
Le principe central repose sur les bénéfices distincts de chaque modalité. Le Dr Francesco Maisano souligne que la greffe de l’artère mammaire interne gauche (AMIG) sur l’artère interventriculaire antérieure (IVA) est la seule intervention de pontage ayant démontré un bénéfice pronostique avéré, avec des résultats à long terme supérieurs à ceux de l’ICP seule.
Cette étape pronostique est généralement réalisée en premier, par voie mini-invasive. L’ICP est ensuite pratiquée sur les lésions coronaires résiduelles pour traiter les symptômes et améliorer la qualité de vie, le tout sous la protection de la greffe IVA récente, ce qui en réduit les risques.
Indications thérapeutiques actuelles
Les décisions cliniques sont principalement guidées par l’anatomie coronaire. Le Dr Francesco Maisano indique que les anatomies complexes sont souvent mieux prises en charge chirurgicalement. L’ICP est généralement moins indiquée chez les patients diabétiques présentant une maladie multi-tronculaire.
À l’inverse, l’ICP peut être privilégiée chez les patients à très haut risque chirurgical, quelle que soit leur anatomie. Comme le Dr Maisano en a discuté avec le Dr Anton Titov, la revascularisation hybride pourrait, en théorie, concerner tout patient nécessitant une intervention coronaire. Toutefois, son adoption comme standard de soins nécessiterait un essai clinique de grande ampleur.
Bénéfices et acceptation par les patients
Un avantage majeur de l’approche hybride réside dans une meilleure acceptation du traitement par les patients. Le Dr Francesco Maisano met en contraste l’expérience de l’ICP, qui permet souvent une prise en charge ambulatoire, avec celle de la chirurgie cardiaque traditionnelle, qui implique une sternotomie et une convalescence pouvant durer jusqu’à trois mois.
La stratégie hybride vise à atténuer le risque précoce et la longue récupération associés à la chirurgie conventionnelle. En combinant les techniques, elle offre une voie plus acceptable pour bénéficier des avantages à long terme de la revascularisation chirurgicale.
L’avenir de la prise en charge par l’équipe cardiaque
La réussite de la revascularisation hybride repose sur une collaboration fluide. Le Dr Francesco Maisano insiste sur la nécessité d’une interaction accrue entre chirurgiens cardiaques et cardiologues interventionnels. Il prévoit que cette procédure gagnera en popularité à mesure que ces équipes cardiaques évolueront.
Dans son rôle actuel, le Dr Maisano intègre cette approche dans les soins aux patients. Il dirige une équipe hautement spécialisée dédiée aux traitements coronaires mini-invasifs. Ce modèle collaboratif incarne l’avenir de la prise en charge des cardiopathies complexes, offrant aux patients des soins personnalisés et innovants.
Transcript intégral
Dr. Anton Titov, MD: La revascularisation coronaire hybride associe le pontage aorto-coronarien artériel et la pose de stent percutané. Il s’agit d’une procédure sophistiquée pour traiter la maladie coronarienne multi-tronculaire. Quelles sont ses indications dans votre pratique ?
Dr. Francesco Maisano, MD: C’est une question très intéressante. Il y a quelques années, j’ai coécrit un éditorial avec le Dr Antonio Colombo plaidant pour un recours plus large à cette procédure.
Le principal frein est le manque de données suffisantes pour en faire un standard. Nous nous appuyons davantage sur une philosophie que sur des preuves solides. L’idée est que la seule intervention de pontage ayant un impact pronostique avéré est la greffe de l’artère mammaire sur l’artère interventriculaire antérieure. Les autres greffes ont un effet moindre.
Nous pouvons réaliser cette greffe mammaire-IVA de façon très mini-invasive. Elle s’est avérée supérieure à l’ICP. Si nous effectuons d’abord cette étape pronostique, puis traitons les lésions résiduelles par ICP, nous combinons le meilleur des deux mondes.
Le pontage agit sur le pronostic, et l’ICP sur les symptômes et la qualité de vie. L’ICP est réalisée sous la protection de la greffe, ce qui en réduit les risques.
Alors, quelles sont les indications ? En théorie, tout patient coronarien nécessitant une intervention pourrait en bénéficier. Reste à le confirmer par un essai clinique approprié, qui n’a pas encore été mené.
Mais ce pourrait être une solution universelle, améliorant aussi l’acceptation du PAC. Actuellement, deux options s’offrent aux patients.
Soit une solution en ambulatoire, avec sortie le jour même, soit une chirurgie à cœur ouvert, avec une convalescence de trois mois. La plupart d’entre nous, moi y compris, opterions probablement pour la solution la plus simple.
Pourtant, à long terme, la chirurgie reste meilleure. Mais pour atteindre le long terme, il faut d’abord passer le court terme.
Le risque précoce de mortalité et de morbidité chirurgicale est plus élevé qu’avec l’ICP. Aujourd’hui, nos décisions sont guidées par l’anatomie coronaire.
Les anatomies complexes relèvent plutôt de la chirurgie. L’ICP est moins indiquée chez les diabétiques. Inversement, en cas de très haut risque chirurgical, on privilégie l’ICP, quelle que soit l’anatomie.
Nous suivons ces principes. Mais à l’avenir, avec une meilleure interaction entre chirurgiens et cardiologues interventionnels, la revascularisation hybride deviendra, je pense, une option plus courante.
D’ailleurs, cela commence déjà. Dans mon nouveau poste, je dirige un centre dédié aux valves cardiaques. J’aime intégrer différentes technologies pour optimiser les traitements.
Je me concentre aujourd’hui sur les valves, mais j’ai beaucoup œuvré dans le domaine coronaire. Je continue à pratiquer la chirurgie coronaire si nécessaire, et je m’en estime capable.
Je privilégie une équipe hautement spécialisée, sous ma direction, qui réalise des traitements coronaires mini-invasifs. Nous adoptons la revascularisation hybride pour de nombreux patients, car je suis convaincu que c’est la voie d’avenir.