Le Dr Andrea Maier, MD, experte de renommée mondiale en vieillissement et longévité, explique comment les biomarqueurs et les horloges biologiques accélèrent la recherche anti-âge. Elle évoque les défis posés par les essais cliniques de longue durée chez l’humain. Le Dr Maier détaille l’utilisation des horloges épigénétiques pour mesurer l’évolution de l’âge biologique en quelques mois. Elle souligne la nécessité de biomarqueurs validés et reconnus par les agences de réglementation. Enfin, elle préconise le recours à des compléments alimentaires et médicaments fondés sur des preuves.
Accélérer la recherche sur la longévité grâce aux biomarqueurs et aux horloges biologiques
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- Défis de la recherche sur la longévité
- Dynamiques du marché anti-âge
- Biomarqueurs et âge biologique
- Accélération des essais cliniques
- Importance de la validation réglementaire
- Avenir de la recherche sur la longévité
- Transcription intégrale
Défis de la recherche sur la longévité
Le Dr Andrea Maier souligne les difficultés propres à la recherche anti-âge. Traditionnellement, les études sur la longévité humaine exigent des délais très longs. Le Dr Anton Titov relève l’impatience face aux processus classiques d’évaluation pharmaceutique. Le Dr Maier reconnaît ces obstacles, mais insiste sur la nécessité de maintenir des normes scientifiques rigoureuses.
Dynamiques du marché anti-âge
Le marché mondial de l’anti-âge présente à la fois des opportunités et des risques. Le Dr Andrea Maier explique que la classification du vieillissement comme maladie via les codes CIM-11 ouvre un marché potentiel considérable, attirant d’importants investissements. Cependant, elle met en garde contre les compléments non éprouvés, qui pourraient n’offrir qu’un effet placebo.
Elle souligne l’importance de revenir aux mécanismes fondamentaux. Le Dr Anton Titov évoque la prolifération d’entreprises vendant des compléments sans données humaines solides.
Biomarqueurs et âge biologique
Les biomarqueurs constituent une avancée méthodologique majeure. Le Dr Andrea Maier cite notamment les horloges épigénétiques comme outils puissants. Ces mesures de l’âge biologique peuvent détecter des changements spectaculaires en seulement quatre mois, évitant ainsi d’attendre l’apparition de maladies sur 10 à 20 ans.
Elle explique comment ces marqueurs fournissent des preuves quantitatives des interventions anti-âge. Leur sensibilité permet aux chercheurs de détecter une inversion du vieillissement biologique.
Accélération des essais cliniques
Les essais cliniques modernes sur la longévité peuvent désormais produire des résultats en un an. Le Dr Andrea Maier décrit des protocoles où les participants reçoivent des interventions durant 4 à 6 mois, les effets étant mesurés via des biomarqueurs validés plutôt que des critères cliniques tardifs.
Le Dr Anton Titov souligne la nécessité de s’appuyer sur ces marqueurs pour des résultats fiables. Ce calendrier accéléré rend la recherche sur la longévité plus réalisable et efficace.
Importance de la validation réglementaire
L’acceptation par les agences réglementaires est une étape clé pour les biomarqueurs de longévité. Le Dr Andrea Maier insiste sur le rôle crucial de la FDA et de l’EMA dans l’approbation des interventions anti-âge. Ces agences doivent valider les biomarqueurs avant d’autoriser des traitements pour les populations vieillissantes.
Elle note que cela exige des investissements substantiels et des essais randomisés contrôlés. La validation garantit que les biomarqueurs sont fiables en pratique clinique et en recherche.
Avenir de la recherche sur la longévité
L’avenir de la recherche anti-âge repose sur le développement et la validation continus des biomarqueurs. Le Dr Andrea Maier souligne la nécessité de privilégier les approches fondées sur des preuves, malgré les pressions commerciales. Elle plaide pour une translation rapide de la science fondamentale vers les essais humains via des biomarqueurs sensibles.
Le Dr Anton Titov discute de l’importance de maintenir la rigueur scientifique. Le domaine continue d’évoluer avec l’émergence régulière de nouveaux biomarqueurs et techniques de mesure.
Transcription intégrale
Dr Anton Titov : La recherche anti-âge s’accélère, heureusement. Les études chez l’humain sont longues et complexes. Ainsi, certains scientifiques réputés apparaissent sur les sites d’entreprises anti-âge promouvant divers composés. Elles vendent souvent des compléments sans données humaines convaincantes.
Est-ce le signe que la science moderne s’impatiente face aux processus traditionnels d’évaluation ? Le marché est énorme, car tout le monde vieillit.
Dr Andrea Maier : Si l’on définit le vieillissement comme une maladie via les codes CIM-11, les anomalies liées à l’âge pourraient déjà être considérées comme pathologiques. Tout le monde vieillit ; le marché est donc très vaste. C’est à la fois une bonne et une mauvaise chose.
Je constate beaucoup d’investissements dans notre domaine, ce qui est positif. Mais nous devons garantir la qualité, car nous ne voulons pas vendre des compléments sans effets avérés.
Il pourrait y avoir un effet, mais peut-être seulement placebo parce qu’on y croit. Il est crucial de revenir à la science fondamentale et de se demander : "Pourquoi tel complément agirait-il sur les cellules, et quels sont les mécanismes ?" Puis tester rapidement chez l’humain s’il y a un effet bénéfique.
Je vous rejoins : prouver l’efficacité de ces compléments ou médicaments prend du temps. Mais c’est faisable. Nous ne pouvons invoquer le temps et l’investissement pour ne pas le faire, car nous avons besoin de preuves quantitatives.
Pour surmonter la lenteur des études humaines—où l’on attend qu’une maladie se déclare, ce qui peut prendre 10 ou 20 ans—nous utilisons des biomarqueurs. Comme l’horloge épigénétique pour déterminer l’âge biologique. Nous avons montré qu’en quatre mois, l’âge biologique peut changer radicalement.
Ainsi, lors des essais, sans attendre l’apparition de pathologies, nous mesurons les effets via des biomarqueurs. Nous menons des essais où les participants reçoivent des traitements pendant quatre à six mois, puis nous évaluons les résultats.
Au final, ce type d’études sur la longévité peut donner des résultats en un an.
Dr Anton Titov : Il est crucial de savoir que des essais cliniques sur la longévité humaine sont possibles. À condition de pouvoir se fier aux marqueurs, cela devrait fonctionner.
Dr Andrea Maier : Point essentiel : il nous faut des biomarqueurs sensibles au changement, capables de détecter un rajeunissement. Mais les agences réglementaires—FDA ou EMA—doivent aussi les accepter, car ce sont elles qui autorisent l’application des traitements aux personnes vieillissantes.
Nous devons donc valider ces biomarqueurs. Cela demande énormément de recherche et d’investissement. Nous accumulons beaucoup de données.
Nous réalisons des essais randomisés contrôlés pour identifier les biomarqueurs valides, non seulement en pratique clinique, mais surtout comme critères dans les études.