Conjonctivite allergique et prise en charge de la conjonctivite vernale. Collyres corticoïdes et collyres à base de ciclosporine.

Conjonctivite allergique et prise en charge de la conjonctivite vernale. Collyres corticoïdes et collyres à base de ciclosporine.

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Le Dr Dominique Bremond-Gignac, spécialiste renommée en ophtalmologie pédiatrique, présente les traitements efficaces de la conjonctivite allergique et de ses formes sévères. Elle détaille les risques liés à l’usage prolongé des collyres corticoïdes et souligne les bénéfices transformateurs des collyres immunomodulateurs à base de ciclosporine, qui améliorent tant la vision que la qualité de vie des enfants.

Traitements innovants des allergies oculaires sévères : au-delà des corticoïdes en collyres

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Comprendre la conjonctivite allergique

La conjonctivite allergique est une affection oculaire fréquente et en augmentation, largement influencée par des facteurs environnementaux comme la pollution. Comme l’explique le Dr Dominique Bremond-Gignac, des études à grande échelle telles que l’étude ISAAC, qui a impliqué plus d’un million d’enfants, ont documenté la progression des allergies oculaires et de la rhinoconjonctivite. Pour les formes courantes, saisonnières ou perannuelles, les traitements pharmacologiques efficaces incluent les collyres antihistaminiques et les stabilisateurs des mastocytes.

Formes sévères : kératoconjonctivites vernale et atopique

Au-delà des allergies courantes, il existe deux formes sévères d’allergie oculaire chez l’enfant. La kératoconjonctivite vernale (KCV) est la plus fréquente, bien que rare en Europe et plus prévalente en Amérique du Sud, en Afrique et au Moyen-Orient. La kératoconjonctivite atopique présente des similitudes mais se distingue par la présence d’une dermatite atopique sur les paupières. Le Dr Bremond-Gignac souligne une différence pronostique majeure : la KCV disparaît généralement à l’adolescence, tandis que la forme atopique persiste toute la vie.

Complications et dépendance aux collyres corticoïdes

Pendant des décennies, le traitement de référence de ces affections sévères reposait sur les collyres corticoïdes topiques. Bien qu’efficaces à court terme pour soulager les symptômes, le Dr Dominique Bremond-Gignac en détaille les risques significatifs. L’usage chronique peut entraîner de graves complications : cataractes, glaucome, ulcères cornéens et infections comme l’herpès. Un problème majeur est la dépendance aux corticoïdes, où les parents administrent ces gouttes pour un soulagement immédiat, provoquant involontairement des dommages à long terme. Leur disponibilité sans ordonnance dans certaines régions aggrave cette surutilisation.

Développement du traitement par collyre à la ciclosporine

Une avancée majeure est l’utilisation de collyres immunomodulateurs à base de ciclosporine. Les recherches ont débuté avec l’étude pionnière du Dr David BenEzra en 1985. Comme le relate le Dr Bremond-Gignac, des travaux ultérieurs, dont une étude clinique clé en 2006, ont abouti à une autorisation officielle en 2018-2019. Ce traitement permet une prise en charge quotidienne des conjonctivites allergiques sévères, réduisant voire éliminant le recours aux corticoïdes et leurs complications.

Impact sur la qualité de vie et la vision

L’arrivée de la ciclosporine a transformé la vie des enfants concernés. Le Dr Bremond-Gignac note que la kératoconjonctivite allergique sévère, sous-diagnostiquée, altère gravement la vision et la qualité de vie, perturbant souvent la scolarité. Grâce à un traitement régulier à la ciclosporine, les enfants retrouvent fonction et confort, en particulier ceux atteints de KCV, dont la condition peut disparaître sans les effets secondaires des corticoïdes.

Sensibilisation et initiatives mondiales

La sensibilisation à ces allergies sévères est aujourd’hui une priorité. Le Dr Dominique Bremond-Gignac collabore avec l’Association France Eczema, qui dispose d’une section dédiée à la kératoconjonctivite allergique. L’objectif est d’établir une journée de sensibilisation en France, puis de l’étendre à l’Europe et au niveau mondial. Cet effort vise à améliorer le diagnostic et l’accès à des traitements avancés comme la ciclosporine, dépassant ainsi les limites de la corticothérapie.

Transcript intégral

Dr. Anton Titov, MD: La conjonctivite allergique est une manifestation fréquente de l’allergie. Il existe une forme sévère appelée kératoconjonctivite vernale. Quelles sont les options thérapeutiques les plus efficaces ? Comment traiter cette forme sévère ?

Dr. Dominique Bremond-Gignac, MD: Questions très intéressantes, car la kératoconjonctivite vernale est une maladie rare en Europe, mais moins en Amérique du Sud, en Afrique ou au Moyen-Orient. L’allergie oculaire est courante en raison de problèmes environnementaux et de pollution, et elle augmente. De vastes études comme ISAAC, portant sur plus d’un million d’enfants, l’ont confirmé, de même que pour la rhinoconjonctivite.

Nous disposons de traitements pharmacologiques efficaces pour l’allergie oculaire courante, comme les antihistaminiques et les stabilisateurs des mastocytes, utiles pour les formes saisonnières et perannuelles.

Passons aux formes sévères chez l’enfant : la kératoconjonctivite vernale, la plus commune mais rare en Europe, et la kératoconjonctivite atopique. Cette dernière est très similaire mais se distingue par une dermatite atopique sur les paupières.

Il est crucial de les différencier, car le pronostic n’est pas le même. La kératoconjonctivite vernale cesse à l’adolescence, tandis que la forme atopique dure toute la vie. Les parents doivent connaître ce pronostic.

Autrefois, seuls les corticoïdes topiques étaient utilisés. Efficaces, ils présentaient des complications : cataractes, glaucome, ulcères cornéens, infections herpétiques et dépendance. Les parents les administraient pour un soulagement rapide, mais leur usage régulier posait problème.

Depuis longtemps, nous avons une autre option : la ciclosporine. La première étude clinique remonte à 1985 par le Dr David BenEzra. Ce collyre immunomodulateur soulage les symptômes de la kératoconjonctivite vernale. Après une étude clé en 2006, l’approbation est intervenue en 2018-2019. La ciclosporine change la vie des enfants, permettant un traitement quotidien et réduisant fortement le besoin de corticoïdes.

Je suis fier de ce parcours. Aujourd’hui, avec l’Association France Eczema, nous avons une section dédiée à la kératoconjonctivite allergique. Nous prévoyons une journée de sensibilisation en France, puis en Europe et peut-être dans le monde.

C’est essentiel, car cette maladie est sous-diagnostiquée. Les enfants ont une mauvaise qualité de vie et des troubles visuels. Avec la ciclosporine, ils récupèrent. Il est vital d’avoir un traitement quotidien adapté, au-delà des corticoïdes.

Dr. Anton Titov, MD: L’usage chronique de corticoïdes entraîne de multiples complications. Pourtant, ces collyres sont surutilisés car facilement accessibles et efficaces à court terme, conduisant à des abus chroniques. Il est important de souligner la nécessité de meilleurs traitements, comme la ciclosporine que vous décrivez.

Dr. Dominique Bremond-Gignac, MD: Tout à fait. Les collyres corticoïdes étaient souvent disponibles sans ordonnance. Il est crucial de limiter leur usage. Parfois, nous pouvons les supprimer et utiliser uniquement la ciclosporine. Ensuite, la kératoconjonctivite vernale peut disparaître à l’adolescence, ce qui est idéal.