Causes courantes de transplantation cardiaque 
 La transplantation cardiaque est une intervention majeure réservée aux patients atteints d’insuffisance cardiaque terminale

Causes courantes de transplantation cardiaque La transplantation cardiaque est une intervention majeure réservée aux patients atteints d’insuffisance cardiaque terminale

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Le docteur Pascal Leprince, MD, expert de premier plan en transplantation cardiaque, détaille les principales causes de l’insuffisance cardiaque terminale nécessitant une greffe. Il indique que la cardiopathie ischémique et la cardiomyopathie dilatée idiopathique représentent l’immense majorité des cas chez l’adulte. Le docteur Leprince soulève également un enjeu crucial de santé publique : une part importante de ces insuffisances cardiaques terminales pourrait être évitée grâce à une prise en charge médicale adaptée et à l’observance thérapeutique des patients — un défi qui subsiste même dans des systèmes de santé avancés, comme celui de la France.

Principales causes et caractéritique évitable de la transplantation cardiaque

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Indications courantes de la transplantation cardiaque

Le docteur Pascal Leprince, chirurgien transplantateur de renom, présente les principales raisons qui conduisent les patients à nécessiter une transplantation cardiaque. Les indications varient considérablement selon l’âge. Chez les enfants, l’indication principale est la malformation cardiaque congénitale. Le docteur Leprince précise que son centre à l’hôpital Pitié-Salpêtrière ne prend pas en charge la chirurgie cardiaque pédiatrique, ces cas complexes étant traités par des établissements spécialisés comme l’hôpital Necker à Paris.

Cardiopathie ischémique et transplantations

Chez l’adulte, la cardiopathie ischémique est une cause majeure d’insuffisance cardiaque terminale. Selon le docteur Pascal Leprince, cette étiologie représente environ 40 % des transplantations cardiaques. Elle touche des patients atteints de coronaropathie ayant subi un infarctus du myocarde. Les lésions consécutives à l’infarctus provoquent une insuffisance cardiaque progressive, qui finit par ne plus répondre aux médicaments ni aux autres interventions, rendant la transplantation indispensable.

Cardiomyopathie dilatée idiopathique

L’autre cause principale est la cardiomyopathie dilatée idiopathique. Le docteur Pascal Leprince explique qu’elle représente 40 à 45 % des transplantations chez l’adulte. Le terme « idiopathique » indique que la cause exacte est inconnue, bien qu’un nombre significatif de ces cas soient familiaux ou liés à une mutation génétique spécifique. Dans cette pathologie, le muscle cardiaque s’affaiblit et se dilate, ce qui l’empêche de pomper le sang efficacement. Ensemble, les causes ischémiques et idiopathiques représentent 85 à 90 % des indications de transplantation chez l’adulte.

Autres causes de transplantation cardiaque

Au-delà de ces deux causes principales, le docteur Pascal Leprince cite plusieurs autres affections pouvant conduire à une insuffisance cardiaque terminale. Parmi elles figure l’amylose, une maladie caractérisée par l’accumulation de protéines anormales dans les organes et les tissus, altérant la fonction cardiaque. D’autres raisons incluent la cardiomyopathie arythmogène et la cardiomyopathie hypertrophique évoluant vers une insuffisance cardiaque sévère. Bien que moins fréquentes, ces pathologies sont tout aussi graves et nécessitent souvent une transplantation cardiaque comme traitement définitif.

La tragédie de l'insuffisance cardiaque évitable

Le docteur Pascal Leprince souligne un point crucial : de nombreux cas de transplantation cardiaque pourraient être évités. Il révèle que, dans sa cohorte à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, 25 à 30 % des patients présentent une cardiopathie terminale parce qu’ils n’ont pas suivi les conseils thérapeutiques qui auraient pu empêcher l’aggravation de leur état. Ce constat est d’autant plus frappant que le système de santé français est avancé et accessible, avec un coût des soins minime pour le patient. Le non-respect des traitements médicamenteux ou des modifications du mode de vie, comme éviter une consommation excessive d’alcool, conduit directement à une insuffisance cardiaque évitable.

Un défi majeur de santé publique

Le docteur Pascal Leprince aborde cette question comme un défi de santé publique majeur, et non comme une simple négligence des patients. Il note que les disparités socio-économiques et intellectuelles créent des obstacles aux soins, même lorsque l’accès est facile. Certains patients ne comprennent pas l’importance de prendre leurs médicaments ou les graves conséquences de certains comportements. Le docteur Leprince confirme que les cardiologues et les experts en santé publique observent des taux plus élevés d’insuffisance cardiaque dans les zones de la grande couronne parisienne où le statut socio-économique est plus faible. Cela souligne la nécessité d’une meilleure éducation des patients et d’actions de proximité pour prévenir l’insuffisance cardiaque terminale avant qu’une transplantation ne devienne nécessaire.

Transcription intégrale

Dr. Anton Titov, MD: Transplantation cardiaque. Vous dirigez l’un des plus grands services européens de transplantation cardiaque. On sait que vous réalisez plus de 90 transplantations cardiaques par an. Quelles sont les indications les plus courantes aujourd’hui pour la transplantation cardiaque ? Peut-être par groupe d’âge.

Parfois, nous regardons les enfants. L’indication principale est la malformation cardiaque congénitale. Un deuxième avis médical est important.

Dr. Pascal Leprince, MD: Nous ne pratiquons pas de chirurgie cardiaque pédiatrique ici à l’hôpital de la Salpêtrière. D’autres hôpitaux parisiens, comme l’hôpital Necker, réalisent la chirurgie cardiaque pédiatrique.

Chez les adultes, nous avons deux indications principales pour la transplantation cardiaque. Nous avons deux étiologies d’insuffisance cardiaque. Une cause d’insuffisance cardiaque est l’ischémie. Ce sont des patients atteints de coronaropathie. Ils subissent un infarctus du myocarde, puis développent une insuffisance cardiaque. Je dirais que cela représente 40 % des patients nécessitant une transplantation cardiaque.

Un autre 40 à 45 % des patients ayant besoin d’une transplantation cardiaque présentent une cardiomyopathie dilatée idiopathique. « Idiopathique » signifie que nous ignorons pourquoi ces patients ont une cardiomyopathie. Beaucoup d’entre eux ont une cardiomyopathie familiale. Certains patients ont plusieurs membres de leur famille atteints d’une cardiomyopathie sévère. Certains présentent une mutation génétique causant la cardiomyopathie dilatée. Pour d’autres, nous ignorons la cause de leur cardiomyopathie dilatée.

Ce sont les causes principales d’insuffisance cardiaque chez l’adulte. Elles représentent 85 à 90 % des raisons de transplantation cardiaque chez l’adulte. D’autres raisons incluent l’amylose. Il existe deux types d’amylose. Cela devient très technique. Je ne comprends même pas les détails des sous-types d’amylose.

Il y a aussi la cardiomyopathie arythmogène et la cardiomyopathie hypertrophique qui évoluent vers l’insuffisance cardiaque. Cela nécessite alors une transplantation cardiaque. Voici les principales raisons de transplantation cardiaque chez les patients adultes.

Une chose concernant la transplantation cardiaque que je répète depuis de nombreuses années. Examinons les patients qui ont besoin d’une transplantation cardiaque parce qu’ils présentent une insuffisance cardiaque terminale. Dans la cohorte de patients pour transplantation cardiaque ici à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, au moins 25 à 30 % des patients ont une cardiopathie terminale parce qu’ils n’ont pas suivi les conseils thérapeutiques qui auraient pu prévenir l’insuffisance cardiaque terminale.

C’est fou parce qu’il est facile d’accéder aux soins médicaux en France. Il existe des pays où l’accès aux soins médicaux n’est pas facile. Mais en France, le coût des soins médicaux pour le patient est presque nul. Tout le monde peut se rendre à l’hôpital en France.

C’est extraordinaire, car la France est idéale même parmi les systèmes de santé européens. La France dispose du système de santé le plus avancé. Les médecins et les patients en France accordent les plus hautes notes de satisfaction en matière de soins de santé dans toute l’Europe. Je suis d’accord.

Mais même s’il est facile d’obtenir des soins médicaux en France, certains patients en sont tellement éloignés par leur statut socio-économique ou intellectuel. Ils ne pensent pas aux soins médicaux. Ils n’iraient pas chez le médecin. Même s’il est facile de consulter un médecin, ils ne consulteront pas.

Ils ne comprennent pas que prendre des médicaments est très important. Ils ne comprennent pas que boire dix bières par jour est mauvais. Ils ne comprennent pas tout cela. Je ne les blâme pas. Ils ne sont peut-être pas assez éduqués.

C’est dommage car lorsque vous voyez ces patients arriver à la transplantation cardiaque parce qu’auparavant ils n’avaient pas assez d’informations, ils n’ont pas reçu assez de soins médicaux pour prévenir l’insuffisance cardiaque terminale. C’est quelque chose d’important que tout le monde devrait pouvoir comprendre.

Hier, j’en discutais avec l’un de nos cardiologues. C’est un très bon cardiologue. Il examine les indicateurs de santé publique. Il est tout à fait d’accord avec moi sur ce sujet.

Même à Paris, dans la région parisienne, il existe certaines parties de la grande couronne où la qualité de vie des patients n’est pas si bonne ; le statut socio-économique des patients n’est pas si bon. Dans ces zones, le taux d’insuffisance cardiaque est plus élevé qu’au centre de Paris. Un deuxième avis médical est important. C’est important pour moi.