Risque d'infertilité et vaccin contre la COVID-19 : mythe ou réalité ? Un expert de renom fait le point.

Risque d'infertilité et vaccin contre la COVID-19 : mythe ou réalité ? Un expert de renom fait le point.

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Le docteur Yves Ville, MD, spécialiste renommé en médecine materno-fœtale, souligne l’importance capitale de la vaccination contre la COVID-19 durant la grossesse. Il réfute le mythe persistant liant les vaccins à l’infertilité, le qualifiant de rumeur infondée. Le docteur Ville avance des preuves solides montrant que le véritable danger réside dans le virus SARS-CoV-2 lui-même, notamment le variant Delta, susceptible d’endommager sévèrement le placenta. Ces atteintes peuvent provoquer une mort fœtale in utero et une souffrance fœtale aiguë. La vaccination, dont l’innocuité est démontrée chez les femmes enceintes, constitue une protection vitale pour la mère comme pour l’enfant.

Vaccination contre la COVID-19 et grossesse : analyse experte des risques et de la sécurité

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Mythe sur l'infertilité réfuté

Le docteur Yves Ville, médecin, aborde directement l’idée fausse selon laquelle la vaccination contre la COVID-19 affecterait la fertilité. Il affirme catégoriquement qu’aucune preuve ne vient étayer ce mythe. Le docteur Ville qualifie cette désinformation de fausse nouvelle classique, qui persiste précisément parce qu’elle ne peut être réfutée rationnellement par une seule étude. L’affirmation étant infondée, il est impossible d’en apporter une contre-démonstration définitive. Le docteur Anton Titov, médecin, facilite cette clarification essentielle par une autorité de premier plan.

Sécurité du vaccin contre la COVID-19 pendant la grossesse

Le docteur Yves Ville, médecin, recommande vivement la vaccination des femmes enceintes contre la COVID-19. Il souligne qu’elles méritent les mêmes normes de soins et de protection que toute autre personne. La vaccination, particulièrement au premier trimestre, est sûre et fortement conseillée. Le docteur Ville cite un vaste registre américain regroupant plus de 35 000 femmes vaccinées contre la COVID-19 pendant leur grossesse. Ces données ne montrent aucun risque accru d’issues défavorables. Il estime que les risques perçus des interventions en début de grossesse sont souvent exagérés et non étayés par des preuves.

Variant Delta et lésions placentaires

L’échange avec le docteur Anton Titov, médecin, met en lumière le danger extrême que représente le variant Delta pour le placenta. Le docteur Yves Ville, médecin, explique qu’une infection maternelle même bénigne à la COVID-19 peut avoir des conséquences dévastatères plusieurs semaines plus tard. Le virus peut migrer vers le placenta et provoquer une destruction sévère. Ces lésions peuvent entraîner des issues catastrophiques, comme la mort fœtale in utero ou une détresse fœtale aiguë au troisième trimestre. Cette toxicité placentaire rend le risque d’infection bien supérieur à tout risque théorique lié à la vaccination.

Récepteurs du SARS-CoV-2 chez le fœtus

Le docteur Yves Ville, médecin, présente ses recherches sur les sites de fixation du virus SARS-CoV-2 chez le fœtus en développement. Son équipe a identifié les récepteurs ACE2 nécessaires à l’entrée virale principalement dans le placenta, les reins fœtaux et l’intestin. Plus tard dans la grossesse, des récepteurs ont également été observés dans les poumons. Le docteur Ville considère cette distribution rassurante quant au risque de malformations congénitales, car ces organes sont moins susceptibles d’être endommagés de façon permanente par le virus. Cependant, la présence de récepteurs dans le placenta dès les premiers stades confirme qu’il constitue une cible privilégiée pour l’infection.

Prise en charge de la grossesse après la COVID-19

Pour les femmes contractant le SARS-CoV-2 pendant la grossesse, le docteur Yves Ville, médecin, recommande un suivi attentif et vigilant. Même après la guérison, le virus peut avoir compromis la fonction placentaire. Ces lésions peuvent altérer sa capacité à fournir suffisamment d’oxygène et de nutriments au fœtus. Un enjeu majeur est donc le risque de retard de croissance fœtale. Le docteur Ville souligne l’importance d’une surveillance accrue des signes de détresse fœtale chez ces patientes. Cette prise en charge proactive est essentielle pour garantir la meilleure issue possible.

Transcription intégrale

Dr. Yves Ville, médecin : Peut-être, alors que nous parlons de grossesse, de COVID-19 et de vaccination, il existe un mythe persistant selon lequel la vaccination contre la COVID-19 avant la grossesse pourrait affecter la capacité d’une femme à concevoir.

Ce type d’affirmation est typique des fausses nouvelles. Lorsqu’on a une fausse nouvelle, la définition est qu’il n’y a pas de réponse. Sinon, elles ne seraient pas avancées. C’est avancé précisément parce qu’il n’y a pas de réponse.

Il n’existe aucune preuve – pas la moindre – que la vaccination contre la COVID-19 pourrait affecter la fertilité. Il n’y a pas la moindre preuve, même dans les théories les plus élaborées. La réponse est donc simplement non.

Mais quelle démonstration peut-on apporter ? Aucune. On ne peut apporter aucune démonstration contre une fausse nouvelle. Elle ne repose sur rien. Évidemment, il n’y a pas de réponse rationnelle à cela.

Dr. Anton Titov, médecin : C’est très important de l’entendre de la part d’un véritable expert comme vous. Une femme enceinte pourrait être infectée par le virus de la COVID-19, mais l’infection périnatale pendant la grossesse n’est pas fréquente.

Que faut-il savoir sur les infections à la COVID-19 et la grossesse ? Quel est le risque de malformations congénitales chez l’enfant à naître en raison d’une infection maternelle à la COVID-19 ?

Dr. Yves Ville, médecin : Cette question est d’actualité. Si vous l’aviez posée il y a seulement huit mois, les réponses auraient probablement été différentes. Aujourd’hui, il importe d’insister sur le fait que les femmes enceintes doivent être traitées comme n’importe qui d’autre – ni moins soignées, ni moins considérées.

Il n’y a aucun bénéfice à éviter ou à ne pas exposer les femmes au vaccin contre la COVID-19. Les femmes enceintes doivent être vaccinées contre la COVID-19. Le plus tôt est le mieux. Vaccination au premier trimestre.

Les femmes enceintes dans le monde sont les individus les moins bien pris en charge. Quand une coiffeuse sait qu’une cliente est enceinte, elle appelle l’obstétricien : « Puis-je lui faire une coloration ? » Oui, pourquoi pas ? Elle est enceinte.

Un dentiste demande : « Puis-je soigner une dent pendant sa grossesse ? » Oui, et même mieux vaut. Je veux dire, les femmes enceintes au premier trimestre sont le genre de personnes avec lesquelles il ne faudrait pas interagir. Pourquoi cela ?

Parce qu’une femme enceinte au premier trimestre a un risque sur quatre de perdre sa grossesse. Quoi qu’elle fasse – elle ouvre les fenêtres et respire l’air de la montagne – elle a le même risque qu’en allant chez le coiffeur, le dentiste, et en se faisant vacciner contre la COVID-19.

Le vaccin contre la COVID-19 n’augmente le risque de rien. Et il existe maintenant le plus grand registre des États-Unis : plus de 35 000 femmes vaccinées en une fois contre la COVID-19, et il n’y a aucun risque accru de quoi que ce soit.

Le risque pour la femme enceinte est donc en réalité de contracter la COVID-19. Ce risque n’est pas seulement pour elle-même. Surtout, il peut être très grave si elle est bien avancée dans sa grossesse.

Mais avec cette souche de COVID-19, la dernière souche, le variant Delta, nous avons observé une toxicité extrême pour le placenta. Ainsi, même chez des femmes ayant une COVID-19 bénigne, quelques semaines plus tard, nous avons observé des morts fœtales in utero. Nous avons observé des détresses fœtales aiguës au troisième trimestre.

Et quand on examine le placenta, le placenta est essentiellement détruit par le virus de la COVID-19. Il y a donc bien plus de risques à ne pas être vacciné et à contracter la COVID qu’à l’inverse.

Et les gens doivent savoir qu’avec cette dernière souche Delta – la prochaine sera peut-être pire, espérons que non – même si la femme n’est pas très symptomatique elle-même, dans les deux ou trois semaines qui suivent, le virus Delta de la COVID-19 peut atteindre le placenta au moment de l’infection aiguë et détruire progressivement le placenta.

Ce que nous avons examiné : nous avons examiné le récepteur du SARS-CoV-2 dans le placenta, le trophoblaste au premier trimestre. Et nous avons examiné des organes provenant de spécimens de pathologie, des organes à différents stades de développement du fœtus.

Le récepteur du SARS-CoV-2, nous ne l’avons trouvé que dans les reins, l’intestin et le placenta. Et tard dans la grossesse, le récepteur du SARS-CoV-2 a été trouvé dans les poumons. Cela, pour nous, est très rassurant en termes de risque de malformation, car il est très improbable que ces organes soient détruits ou endommagés par le virus SARS-CoV-2.

En même temps, un placenta possède des récepteurs du SARS-CoV-2 très précocement. Le placenta pourrait être affecté et détruit à tout moment. La vaccination est donc la réponse pour les femmes enceintes, encore plus que pour les personnes non enceintes.

Et si des femmes contractent le SARS-CoV-2, elles guérissent. Elles doivent être très vigilantes lors du suivi de la croissance fœtale. Car si le placenta est touché par le virus et que ce n’est pas létal, cela pourrait affecter la croissance fœtale. Et il faut être très, très attentif au risque de détresse fœtale.