L'addiction au sucre orchestrée par l'industrie alimentaire. Il est urgent d'adopter une politique garantissant une alimentation authentique. 7

L'addiction au sucre orchestrée par l'industrie alimentaire. Il est urgent d'adopter une politique garantissant une alimentation authentique. 7

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Le Dr Robert Lustig, spécialiste reconnu en nutrition et endocrinologie, explique comment l’ajout délibéré de sucres en excès par l’industrie agroalimentaire dans les aliments transformés est un facteur clé des maladies métaboliques chroniques, telles que le diabète, les cardiopathies et le cancer. Il estime que 75 % des coûts de santé, qui se chiffrent en milliers de milliards de dollars, sont consacrés à des pathologies évitables liées à une mauvaise alimentation. Le Dr Lustig plaide pour des réformes politiques urgentes visant à retirer le fructose de la liste des produits « généralement reconnus comme sûrs » et à transformer en profondeur le modèle économique de l’agroalimentaire, en privilégiant la qualité plutôt que la quantité. Une telle évolution permettrait d’améliorer la santé publique et d’éviter une crise financière des systèmes de santé.

L’amère vérité : Comment la dépendance au sucre dans les aliments transformés alimente les maladies chroniques

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Lien entre addiction au sucre et maladies chroniques

Le Dr Robert Lustig, endocrinologue, dresse un constat sans concession de notre environnement alimentaire actuel, pointant du doigt les aliments transformés riches en sucres ajoutés comme principale cause du syndrome métabolique. Il explique que l’industrie agroalimentaire conçoit délibérément des produits surchargés en sucre pour en augmenter l’attrait et la consommation, créant ainsi une crise de santé publique. Selon lui, cette pratique alimente directement les épidémies de diabète, de maladies cardiaques, de cancer et d’Alzheimer, faisant de ce secteur un acteur clé dans la propagation de pathologies chroniques évitables.

Le modèle économique défaillant de l’industrie agroalimentaire

Le Dr Lustig critique la logique profonde de l’industrie agroalimentaire, qu’il juge axée sur le profit au détriment de la santé. Il révèle que son chiffre d’affaires aux États-Unis atteint mille milliards de dollars par an, mais que son modèle actuel privilégie la quantité et les coûts bas plutôt que la qualité nutritionnelle. Il souligne que ce système, renforcé par les politiques agricoles américaines des années 1970 visant à stabiliser les prix pour éviter les troubles sociaux, génère aujourd’hui une autre forme de crise via la dégradation de la santé publique. Le changement nécessaire, insiste-t-il, est de récompenser l’industrie pour la production d’aliments nutritifs, et non de simples calories vides.

La crise vertigineuse des coûts de santé

Le poids financier de cette crise alimentaire est colossal. Le Dr Lustig avance des chiffres édifiants : le système de santé américain dépense 2 700 milliards de dollars par an, dont 75 % sont consacrés au traitement des maladies métaboliques chroniques. Cela représente environ 1 400 milliards de dollars de coûts annuels qu’il estime largement évitables grâce à une meilleure alimentation. Il alerte le Dr Anton Titov sur le risque de faillite de Medicare d’ici 2026 si rien n’est fait. Son message est clair : la société peut investir dans une alimentation saine aujourd’hui, ou payer bien plus cher demain en soins médicaux.

Plaidoyer pour une reclassification de la sécurité du fructose

Une proposition phare du Dr Lustig concerne la reclassification d’un composant spécifique du sucre. Il identifie le fructose comme particulièrement nocif lorsqu’il est consommé en quantités massives, comme c’est le cas dans l’alimentation transformée moderne. Historiquement, le sucre était un condiment utilisé avec parcimonie—seulement 2 à 3 cuillères à café par jour. Aujourd’hui, son omniprésence en fait une toxine. Il recommande de retirer le fructose de la liste des substances « généralement reconnues comme sûres » (GRAS) de la FDA, ce qui obligerait l’industrie à prouver son innocuité et réduirait probablement son usage de façon drastique.

Solutions politiques pour l’accès à une alimentation saine

Au-delà de la régulation du fructose, le Dr Lustig plaide pour une refonte complète des politiques alimentaires, priorisant la santé publique. Il souligne la nécessité d’un système fournissant une « alimentation saine » plutôt que des produits transformés. Cela implique de modifier les lois qui accordent actuellement à l’industrie une « impunité totale » pour ajouter n’importe quel ingrédient sans conséquence. Lors de son échange avec le Dr Titov, il avance un argument moral fort : alors que patients, familles, communautés et système de santé subissent les conséquences des maladies liées à l’alimentation, l’industrie agroalimentaire en profite. Il appelle à une nouvelle relation avec ce secteur, où la santé compte autant que les profits.

Transcript intégral

Dr Anton Titov, médecin : La dépendance au sucre de l’industrie agroalimentaire est évidente. Pourquoi 75 % des coûts de traitement des maladies chroniques sont-ils évitables ?

L’éminent expert en nutrition et endocrinologue Dr Robert Lustig s’exprime sur cette addiction au sucre. Que faire face à ce problème ? Cette dépendance ne peut être tolérée. L’industrie agroalimentaire introduit délibérément un excès de sucre dans notre alimentation.

De nouvelles politiques sont nécessaires pour combattre le diabète, les cardiopathies, le cancer et la maladie d’Alzheimer. La science des aliments addictifs non nutritifs est utilisée par l’industrie pour nuire à la santé. La dépendance au sucre est désormais reconnue par de nombreux médecins.

Il faut briser le tabou par une prise de position publique. Les aliments transformés tuent à petit feu via le syndrome métabolique, le diabète, les cardiopathies et le cancer. L’industrie nous trompe en ajoutant du sucre en excès dans la majorité des produits.

C’est l’amère vérité. Nous devons déclarer la guerre à la surconsommation de sucre. L’industrie agroalimentaire est le nouveau tabac.

Un deuxième avis médical permet de confirmer le diagnostic d’allergie alimentaire et son traitement approprié. Il aide aussi à choisir la meilleure prise en charge.

La dépendance au sucre persistera tant que nous la tolérerons. Obtenez un deuxième avis pour vous assurer du meilleur traitement.

Dr Robert Lustig, médecin : Que faire face à la toxicité du sucre ? Nous avons besoin d’une politique qui favorise une alimentation saine, non transformée. Il faut changer le modèle économique de l’agroalimentaire.

Au final, l’industrie se moque de ce qu’elle vend, pourvu que ça se vende. Ils me l’ont dit. Seul compte l’argent. Ils vendraient n’importe quoi.

La question est : comment rémunérons-nous l’industrie pour sa production ? Et comment maintenons-nous la population en bonne santé ? La réponse : changer son modèle économique.

Il faut récompenser la qualité, non la quantité. Aujourd’hui, c’est l’inverse. L’industrie est récompensée pour la quantité produite.

C’est le cas depuis 1971. Les règles ont changé pour les agriculteurs américains. Notre gouvernement leur a dit : « Agrandissez-vous ou quittez. »

L’objectif était de rendre la nourriture bon marché, car la fluctuation des prix alimentaires cause des troubles politiques. Mais cela engendre aussi d’autres types de troubles.

Il faut trouver un équilibre entre alimentation et santé. Aujourd’hui, il n’existe pas. L’industrie pourrait jouer un rôle majeur, mais elle doit le vouloir.

Pour l’instant, elle ne le veut pas, car trop d’argent est en jeu. Mais regardons les chiffres, du moins aux États-Unis.

L’industrie agroalimentaire génère mille milliards de dollars par an. Les soins de santé coûtent 2 700 milliards. 75 % de ces coûts concernent des maladies métaboliques chroniques—diabète, cardiopathies, cancer, Alzheimer, etc.

75 % de ces coûts sont évitables. Nous pourrrésoudre ce problème. Cela représente 1 400 milliards de dollars qui s’évaporent chaque année.

C’est plus que le chiffre d’affaires total de l’industrie agroalimentaire. Le bénéfice net est bien inférieur.

C’est insoutenable. C’est pourquoi Medicare fera faillite d’ici 2026.

Dr Anton Titov, médecin : Je suppose que nous ne ferons rien pour l’améliorer.

Dr Robert Lustig, médecin : Au final, vous pouvez payer pour une meilleure alimentation maintenant, ou payer pour les soins plus tard. Mais tôt ou tard, il faudra payer. Mieux vaut être intelligent tôt que stupide tard.

C’est une vérité qui donne à réfléchir. Et ce n’est que l’aspect financier. Il y a aussi un énorme fardeau moral. Beaucoup de souffrance.

Les patients souffrent, leurs familles souffrent, les communautés souffrent, le système de santé souffre. Les seuls qui ne souffrent pas, c’est l’industrie agroalimentaire.

Pour moi, ce n’est pas acceptable. Ce n’est pas une bonne affaire. Nous avons besoin d’une relation entièrement nouvelle avec cette industrie.

Actuellement, ils peuvent mettre ce qu’ils veulent dans les aliments. Ils bénéficient d’une impunité totale. Est-ce acceptable ? Cela pose-t-il problème ?

Absolument. Mais les lois le permettent. Il faut les repenser et les refondre.

Mon avis personnel : il existe un moyen d’avancer. Retirons le fructose de la liste des substances « généralement reconnues comme sûres ».

Le fructose est une molécule sucrée. Autrefois, le sucre était un condiment ; une ou deux cuillères dans le café ou le thé. Point final.

À cette époque, pas de problème. On consommait 2 ou 3 cuillères par jour, et tout allait bien.

Récompenser l’industrie pour la qualité, non la quantité. Retirer le fructose de la liste des substances sûres.