Apport en sel dans l'hypertension et l'insuffisance cardiaque 
 Faut-il réduire le sel ? Augmenter le potassium ? 
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Apport en sel dans l'hypertension et l'insuffisance cardiaque Faut-il réduire le sel ? Augmenter le potassium ? 16

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Le Dr David Ellison, MD, expert de renom en hypertension et néphropathie, décrypte le rôle complexe du sel alimentaire et du potassium. Il explique pourquoi la simple recommandation de réduire le sel s’avère souvent inefficace auprès des patients. Le Dr Ellison préconise plutôt d’augmenter l’apport en potassium via les fruits et légumes. Il aborde également la question controversée de la restriction sodée chez les patients insuffisants cardiaques, en soulignant l’importance d’une approche équilibrée, un « juste milieu » en matière de consommation de sodium.

Équilibre Sodium-Potassium Alimentaire pour la Santé Cardiaque et l'Hypertension

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Stratégie du Ratio Sodium-Potassium

Le Dr David Ellison propose une stratégie alimentaire plus efficace que la simple réduction sodée. Il souligne l’importance du ratio potassium/sodium, privilégiant l’augmentation des apports en potassium plutôt que la seule diminution du sodium. Selon lui, il est plus facile de conseiller aux patients de consommer davantage d’aliments sains. Cette approche peut aider à atténuer certains effets indésirables du sel.

Sel dans les Aliments Transformés et les Repas au Restaurant

Le Dr David Ellison identifie les aliments transformés comme une source majeure de sodium. Il note que le pain et d’autres produits industriels contiennent des teneurs en sel très élevées. Les repas au restaurant contribuent également de manière significative à l’excès sodé. Selon lui, l’industrie agroalimentaire pourrait réduire efficacement la teneur en sel, par exemple en remplaçant partiellement le sodium par des substituts à base de potassium pour une meilleure saveur.

Bénéfices d'un Régime Riche en Potassium

Augmenter les apports en potassium offre des bénéfices significatifs pour la gestion de l’hypertension. Le Dr Ellison recommande de consommer davantage de fruits et légumes. Un régime riche en potassium aide à contrebalancer les effets d’une consommation excessive de sodium, favorisant ainsi la santé cardiovasculaire et le contrôle de la tension artérielle. Les aliments frais présentent naturellement de meilleurs ratios potassium/sodium que leurs alternatives transformées.

Controverse sur la Restriction Sodée dans l'Insuffisance Cardiaque

Le Dr David Ellison aborde la relation complexe entre le sel et l’insuffisance cardiaque. Bien que les diurétiques soient plus efficaces avec une réduction sodée, des données récentes révèlent des complications. Une restriction sodée agressive en cas d’insuffisance cardiaque aiguë décompensée pourrait s’avérer nocive, car elle active le système rénine-angiotensine-aldostérone, lequel contribue à la pathogenèse de l’insuffisance cardiaque et au développement de l’hypertension.

Approche « Goldilocks » de la Consommation Sodée

Le Dr David Ellison préconise une approche équilibrée, dite « Goldilocks », de la consommation sodée. Il s’agit d’éviter l’excès de sel sans tomber dans une restriction trop sévère. Les régimes très pauvres en sel sont souvent peu attrayants et potentiellement contre-productifs. L’objectif est une réduction modérée plutôt que l’élimination complète du sodium. Cette approche pragmatique tient compte des défis des modes alimentaires modernes tout en priorisant la santé cardiaque.

Transcription Intégrale

Dr Anton Titov : Professeur Ellison, quelles sont les deux ou trois principales questions que vous posent les patients ? Et quelles sont celles qu’ils devraient poser mais négligent souvent ?

Dr David Ellison : Les patients posent beaucoup d’excellentes questions. La plus fréquente concerne certainement la réduction du sel alimentaire. Comme je l’ai mentionné, il y a eu tant d’études sur le sujet. Mais un aspect souvent négligé est que le sel améliore la saveur des aliments.

Je vis à Portland, en Oregon, où il y a beaucoup d’excellents restaurants. La quantité de sel dans leurs plats est très élevée. Nous avons récemment été classés meilleure ville gastronomique du pays, probablement en partie grâce à cela.

Il est facile de dire qu’il faut simplement arrêter le sel et suivre les recommandations. Mais ce n’est pas si simple. Ma réponse est double.

Premièrement, éviter l’excès de sel est bénéfique, et il faut essayer. Mais tout aussi important est d’augmenter la quantité de potassium dans son alimentation, ou d’améliorer le ratio potassium/sodium. Il est plus facile de dire aux gens de manger plus de quelque chose que d’en manger moins.

Je recommande toujours de consommer davantage de fruits, légumes et aliments riches en potassium. Cela peut atténuer certains effets indésirables du sel.

Deuxièmement, la plupart du sel consommé échappe au contrôle direct du patient. Il est difficile d’éviter le sel en sortant ou au restaurant. Nous devrions encourager l’industrie à réduire la teneur en sel.

Aux États-Unis, contrairement à la Chine, la majorité du sel provient des aliments transformés. Le pain, par exemple, en contient énormément. Tous les produits transformés sont très salés. L’industrie pourrait réduire le sel ou améliorer le ratio potassium/sel.

Cela bénéficierait à tous, sans obliger chacun à faire des choix difficiles au quotidien. Bien sûr, manger des aliments frais est idéal.

Mais réduire la teneur en sel, éventuellement en le remplaçant par du potassium, serait bénéfique. Les substituts de sel sont généralement bien acceptés. Voilà pour la première question.

La seconde question est liée : « Docteur, j’ai une insuffisance cardiaque, dois-je réduire ma consommation de sel ? » C’est un sujet controversé.

Nous savons que les diurétiques sont plus efficaces avec une réduction sodée, surtout chez les patients stables. Mais des données récentes suggèrent qu’en cas d’insuffisance cardiaque aiguë décompensée, une restriction sodée agressive à l’hôpital pourrait être nocive.

Le risque d’une restriction trop sévère est l’activation du système rénine-angiotensine-aldostérone, qui joue un rôle clé dans la pathogenèse de l’insuffisance cardiaque et de l’hypertension.

Une restriction excessive active ce système et pourrait ne pas être bénéfique. Je dis donc à mes patients que je crois à l’effet Goldilocks : éviter l’excès de sel, mais sans tomber dans l’extrême.

Les aliments très pauvres en sel sont souvent peu attrayants. Il vaut mieux viser une réduction modérée plutôt que l’élimination totale, et privilégier le potassium si possible.