Types de sclérose en plaques. Neuromyélite optique (NMO). Présentations cliniques. Partie 1 sur 4.

Types de sclérose en plaques. Neuromyélite optique (NMO). Présentations cliniques. Partie 1 sur 4.

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Le docteur Paul Matthews, MD, expert de renom dans le domaine de la sclérose en plaques et de la neuromyélite optique, explique l’hétérogénéité de la sclérose en plaques en tant que syndrome clinique. Il décrit comment l’évolution de la maladie varie considérablement d’un patient à l’autre, allant de formes bénignes à des progressions rapides. Le docteur Matthews souligne que la neuromyélite optique (NMO) représente une entité physiopathologique distincte au sein du spectre de la SEP, caractérisée par une névrite optique sévère et des lésions médullaires. Il évoque également le rôle de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) avancée et des biomarqueurs dans la personnalisation des stratégies thérapeutiques pour ces affections neuro-inflammatoires complexes.

Comprendre l'hétérogénéité de la sclérose en plaques et de la neuromyélite optique

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La sclérose en plaques en tant que syndrome clinique

Le Dr Paul Matthews, MD, souligne que la sclérose en plaques est diagnostiquée comme un syndrome, et non à partir d’un biomarqueur spécifique unique. Il explique au Dr Anton Titov, MD, que le diagnostic repose sur un ensemble de symptômes cliniques particuliers, généralement corroborés par des preuves paracliniques d’une maladie inflammatoire touchant à la fois la substance blanche et grise du système nerveux central.

Le diagnostic s’appuie souvent sur l’identification d’anomalies IRM dans des distributions anatomiques spécifiques, tout en écartant d’autres causes possibles de symptômes neurologiques. Cette approche syndromique explique en grande partie la variabilité observée dans la manière dont la maladie se manifeste et évolue selon les patients.

Large spectre des présentations cliniques

L’hétérogénéité de la sclérose en plaques est marquée, comme le détaille le Dr Paul Matthews, MD. Il décrit au Dr Anton Titov, MD, un large éventail d’évolutions cliniques. Une faible proportion de patients présente un pronostic très favorable, avec peu de progression du handicap sur 20 ans ou plus.

À l’inverse, d’autres patients connaissent une progression rapide du handicap dès le début. La fréquence des poussées varie aussi considérablement : certaines personnes en ont rarement, tandis que d’autres en subissent fréquemment. Cette variabilité concerne également le moment où débute la progression du handicap, qui peut survenir d’emblée ou seulement à un stade avancé de la maladie.

Deux théories expliquant l'hétérogénéité de la SEP

Le Dr Paul Matthews, MD, présente deux hypothèses principales pour expliquer cette hétérogénéité clinique, lors de son échange avec le Dr Anton Titov, MD. La première explication, la plus courante, est que la SEP est une maladie multifactorielle. Elle résulterait de l’interaction entre de multiples facteurs de susceptibilité génétique et diverses influences environnementales ou liées au mode de vie, qui diffèrent d’un patient à l’autre.

La seconde hypothèse avance qu’au sein du syndrome de la sclérose en plaques coexistent des processus physiopathologiques distincts et identifiables. Ces processus pourraient se manifester par des symptômes cliniques similaires, mais reposer sur des mécanismes sous-jacents différents. Selon cette théorie, ce que l’on nomme « SEP » pourrait en réalité regrouper plusieurs maladies partageant une expression clinique finale commune.

La neuromyélite optique en tant qu'entité distincte

Le Dr Paul Matthews, MD, cite la neuromyélite optique (NMO) comme l’exemple le plus net d’une entité distincte au sein du spectre de la SEP. Il indique au Dr Anton Titov, MD, que la NMO était cliniquement reconnue comme un syndrome relativement rare, caractérisé par l’association d’une névrite optique et de manifestations médullaires généralement sévères.

Les patients atteints de NMO ont souvent une évolution plus agressive, chaque poussée s’accompagnant d’une altération fonctionnelle importante et irréversible. Le Dr Matthews relève également des différences épidémiologiques notables : la NMO est plus fréquente dans les populations asiatiques que caucasiennes, ce qui suggère l’implication de facteurs génétiques ou environnementaux spécifiques.

Caractéristiques d'imagerie par IRM dans la NMO

L’imagerie par IRM avancée apporte des indices déterminants pour distinguer la NMO de la sclérose en plaques typique. Le Dr Paul Matthews, MD, décrit au Dr Anton Titov, MD, le signe IRM le plus caractéristique de la neuromyélite optique : des lésions inflammatoires en hypersignal T2, extensives longitudinalement dans la moelle épinière.

Ces lésions s’étendent généralement sur trois segments vertébraux ou plus, ce qui les différencie des lésions plus courtes habituellement observées dans la SEP. De plus, les patients atteints de NMO présentent moins fréquemment des lésions cérébrales à l’IRM que ceux ayant une SEP classique, offrant ainsi aux radiologues des critères différentiels essentiels.

Implications pour un traitement personnalisé

La reconnaissance d’entités distinctes comme la neuromyélite optique au sein du spectre de la SEP a des implications majeures pour la personnalisation des traitements. Le Dr Paul Matthews, MD, souligne auprès du Dr Anton Titov, MD, que la compréhension de ces différences physiopathologiques est cruciale pour choisir une thérapie adaptée.

Les stratégies efficaces contre la SEP typique peuvent s’avérer inefficaces, voire néfastes, pour les patients atteints de NMO, d’où l’importance d’un diagnostic précis. Cette approche de médecine personnalisée dans les troubles neuro-inflammatoires permet d’administrer des traitements ciblés, fondés sur la biologie spécifique de la maladie, plutôt qu’une stratégie thérapeutique uniforme.

Transcript intégral

Dr. Anton Titov, MD: Types de sclérose en plaques, neuromyélite optique (NMO), présentations syndromiques. Les avancées en médecine de précision conduisent souvent à une découverte intéressante : une maladie considérée comme une entité unique peut en réalité regrouper plusieurs entités moléculaires distinctes. Même si elles partagent une voie finale commune de manifestations cliniques, ces entités peuvent sembler identiques.

C’est particulièrement vrai pour de nombreux cancers. Une vision similaire prévaut concernant la sclérose en plaques. Celle-ci pourrait elle aussi représenter plusieurs entités physiopathologiques distinctes. Peut-être cela explique-t-il la grande hétérogénéité de l’évolution clinique de la SEP, ainsi que les difficultés à choisir la stratégie thérapeutique adaptée pour chaque patient.

Dr. Anton Titov, MD: Existe-t-il des preuves de l’hétérogénéité de la sclérose en plaques ? Que révèlent les essais cliniques d’imagerie par IRM avancée ? Vous menez de nombreuses recherches dans ce domaine.

Dr. Anton Titov, MD: Comment personnaliser le choix thérapeutique pour les patients atteints de sclérose en plaques ?

Dr. Paul Matthews, MD: La sclérose en plaques est diagnostiquée comme un syndrome. Il s’agit d’un ensemble de symptômes cliniques particuliers, généralement étayés par des preuves paracliniques d’une maladie inflammatoire touchant la substance blanche et grise.

Dans certains cas, la SEP se manifeste dans des distributions anatomiques spécifiques. Des anomalies IRM peuvent également être présentes en l’absence d’autres causes identifiables. Nous ne disposons pas d’un biomarqueur unique pour poser le diagnostic.

Au sein du syndrome de la sclérose en plaques, on observe une grande diversité de présentations cliniques. Certains patients ont un pronostic très favorable. Ce sont des cas chanceux, bien que minoritaires. Ils peuvent être suivis pendant plus de 20 ans sans progression significative du handicap.

D’autres, en revanche, présentent une progression rapide du handicap. Certains ont des poussées rares, d’autres fréquentes. Certains débutent par une forme progressive, avec une aggravation dès le départ, tandis que d’autres ne développent un handicap qu’à un stade tardif.

Cette hétérogénéité peut s’expliquer de deux manières. La première : il s’agit d’une maladie multifactorielle, résultant de multiples facteurs de susceptibilité génétique.

Dr. Anton Titov, MD: Des influences environnementales et liées au mode de vie entrent également en jeu, variables d’un patient à l’autre. C’est une explication courante pour de nombreuses maladies.

L’interaction entre susceptibilité génétique et facteurs environnementaux rend compte de la diversité des tableaux cliniques dans les maladies syndromiques. La seconde hypothèse est qu’au sein du syndrome de la SEP existent des processus physiopathologiques distincts et identifiables. Ils peuvent mimer la SEP, mais reposent sur des mécanismes différents.

L’exemple le plus frappant est la neuromyélite optique (NMO). C’est à ce jour l’illustration la plus claire de variabilité au sein de la SEP. Cliniquement, la NMO était reconnue comme un syndrome relativ rare au sein du spectre de la SEP.

Dr. Anton Titov, MD: Elle associe une névrite optique et des manifestations médullaires généralement sévères chez un sous-groupe de patients. Ceux-ci ont souvent une évolution défavorable, chaque poussée entraînant une altération fonctionnelle importante et irréversible.

On observe aussi des différences ethniques : la NMO est plus fréquente dans les populations asiatiques que caucasiennes. Sur le plan de l’imagerie IRM, les patients atteints de NMO présentent des signes très particuliers.

Le plus caractéristique est la présence de lésions inflammatoires en hypersignal T2, extensives longitudinalement dans la moelle épinière. On note également une moindre fréquence des lésions cérébrales par rapport à la SEP classique.