Pontage aortocoronarien ou pose d’un stent ? Le médecin le plus compétent maîtrise les deux techniques ! Un chirurgien de renom partage son expertise.

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Le Dr Francesco Maisano, MD, expert de renom en chirurgie cardiaque et en cardiologie interventionnelle, explique comment l’association des compétences chirurgicales et interventionnelles par cathéter améliore les résultats pour les patients. Il retrace l’évolution du traitement des valvulopathies, l’impact des technologies émergentes comme l’implantation valvulaire aortique par cathéter (TAVI), et souligne la nécessité d’une formation médicale moderne qui dépasse les cloisonnements traditionnels entre spécialités. Pour le Dr Maisano, l’objectif ultime est d’offrir une gamme complète d’options thérapeutiques, favorisant une saine concurrence qui réduit la mortalité et améliore la sécurité des patients.

Intégration de la chirurgie cardiaque et de la cardiologie interventionnelle pour une prise en charge optimale du patient

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Approche hybride de l'équipe cardiaque

Le Dr Francesco Maisano souligne un changement de paradigme en médecine cardiovasculaire, où l’accent se déplace de la procédure vers l’objectif ultime : sauver des vies et améliorer la qualité de vie. Il insiste sur le fait qu’aucune solution unique ne convient parfaitement à tous les patients, d’où l’importance d’un éventail complet d’options thérapeutiques pour garantir la sécurité. Cette philosophie prend corps dans le modèle hybride de l’équipe cardiaque, où la collaboration entre chirurgiens cardiaques et cardiologues interventionnels permet de choisir la meilleure décision pour chaque individu, et non simplement la technique la plus familière.

Évolution des procédures cardiaques et des preuves

Le Dr Maisano replace la chirurgie cardiaque dans son contexte historique : établie dans les années 1950, elle a accumulé une vaste expérience à long terme, mais sans la rigueur scientifique des données observée aujourd’hui. Pendant des décennies, les interventions chirurgicales étaient la norme, sans alternatives, ce qui rendait superflues les études comparatives. L’arrivée des nouvelles technologies transcathéter a bouleversé ce paysage, imposant une réévaluation rigoureuse de toutes les options thérapeutiques avec des résultats validés par un laboratoire central, une pratique auparavant rare.

Impact du TAVI sur les standards chirurgicaux

L’introduction de l’implantation valvulaire aortique par cathéter (TAVI) illustre parfaitement comment une nouvelle technologie remet en question et améliore les pratiques établies. Le Dr Francesco Maisano note que le remplacement valvulaire aortique chirurgical n’avait jamais été soumis à un examen aussi rigoureux qu’avec les essais TAVI. Cette concurrence apporte un éclairage nouveau et des opportunités, améliorant in fine l’ensemble des soins cardiaques. Le Dr Maisano partage son point de vue unique en tant que chirurgien cardiaque pleinement formé ayant ensuite appris les procédures endovasculaires, constatant que les compétences de chaque discipline enrichissent profondément l’autre.

Formation croisée de la prochaine génération de spécialistes

Un défi majeur identifié par le Dr Maisano est la modernisation de l’éducation médicale pour former les spécialistes cardiovasculaires de demain. Le rythme rapide des changements technologiques implique qu’un médecin ne peut plus exercer toute sa carrière uniquement sur la base de ses acquis universitaires. Les institutions académiques doivent développer des parcours éducatifs flexibles offrant de nouvelles compétences combinées. La description même du poste de médecin cardiovasculaire évolue, nécessitant une confluence des domaines chirurgicaux et interventionnels pour une fertilisation croisée et une compréhension commune, en vue d’une prise en charge optimale du patient.

Comment la technologie et la concurrence améliorent la sécurité des patients

La flexibilité offerte par de multiples options thérapeutiques se traduit directement par une amélioration des résultats pour les patients. Le Dr Francesco Maisano cite des données montrant que les risques de mortalité pour des interventions comme celles sur la valve mitrale diminuent chaque année. Cette amélioration ne profite pas seulement aux patients bénéficiant de nouvelles procédures endovasculaires ; elle s’étend aussi à ceux subissant une chirurgie ouverte traditionnelle. La concurrence pour être moins invasif, plus sûr et plus efficace relève le standard pour tous. Les médecins peuvent ainsi personnaliser le traitement, proposant des options moins invasives aux patients fragiles et des procédures plus durables et éprouvées à ceux qui les supportent.

Transcript intégral

Dr Anton Titov : Il est très intéressant que vous ayez mentionné la combinaison des compétences d’un chirurgien cardiaque et d’un cardiologue interventionnel. J’ai eu une conversation très enrichissante à Boston, au Brigham and Women’s Hospital, avec le professeur Tsuyoshi Kaneko, au sujet de la bourse Dr Michael Davidson. Elle a été créée à la mémoire du Dr Michael Davidson, qui maîtrisait à la fois la cardiologie interventionnelle et la chirurgie cardiaque. Ainsi, un médecin comprend la meilleure approche pour chaque patient, plutôt que de partir d’une technique chirurgicale ou interventionnelle spécifique. C’est quelque chose que vous avez déjà souligné : « Ce n’est pas comment nous faisons les choses. C’est comment nous prenons la bonne décision. » Je pense que cela reflète parfaitement votre propre parcours professionnel.

Dr Francesco Maisano : Vous abordez un aspect essentiel de notre profession. Nous avons souvent tendance à nous concentrer sur ce que nous faisons, plutôt que sur l’objectif de nos actions. Or, cet objectif est de sauver des vies et d’améliorer la qualité de vie. C’est le fondement de toute intervention. Il existe de nombreuses façons d’y parvenir. Probablement, aucune solution unique n’est parfaite pour chaque patient. Il y a toujours un compromis.

Disposer de l’éventail complet des options thérapeutiques crée un environnement plus sûr pour le patient. Si elle est bien adoptée et bien organisée, cette approche peut probablement offrir de meilleurs résultats. Je reste convaincu que nous avons beaucoup à apprendre. Nous sommes encore dans une phase de transition, avec différentes options de traitement, et de nombreuses controverses persistent.

N’oublions pas que la chirurgie cardiaque a été établie dans les années 1950. Nous disposons d’une très longue expérience, même si la collecte des données n’a pas toujours été très scientifique. Initialement, il n’y avait pas d’alternatives. Donc, aucune raison de réaliser des études comparatives entre la chirurgie cardiaque et d’autres options. Après de nombreuses années, les procédures chirurgicales sont devenues une pratique tellement standard qu’il n’était plus nécessaire de les évaluer à nouveau.

Avec l’arrivée de nouvelles technologies, nous entamons aujourd’hui cette discussion. Prenons l’exemple du remplacement valvulaire aortique par cathéter, appelé TAVI en Europe ou TAVR aux États-Unis. Le TAVI est une alternative au remplacement valvulaire aortique chirurgical. Avant le TAVI, le remplacement chirurgical n’avait jamais été étudié avec la rigueur d’aujourd’hui. Nous n’avions pas évalué le TAVI avec des résultats validés par un laboratoire central avant que cette nouvelle technologie ne vienne tout bouleverser.

En général, je crois vraiment que les nouvelles technologies apportent un éclairage nouveau et de nouvelles opportunités, améliorant même la chirurgie cardiaque. Personnellement, j’ai un point de vue très particulier, car j’ai commencé les procédures endovasculaires cardiaques après avoir été pleinement formé comme chirurgien cardiaque. J’ai trouvé que, d’une part, il était assez simple pour moi d’apprendre les procédures endovasculaires. En même temps, j’ai appliqué beaucoup de connaissances du domaine de la cardiologie endovasculaire. C’est très utile en chirurgie ouverte et en chirurgie cardiaque mini-invasive.

De mon point de vue, je vois donc l’avantage de la confluence des deux domaines. La chirurgie cardiaque et la cardiologie interventionnelle doivent se fertiliser mutuellement. Chaque année, cela se produit davantage. Nous devons nous assurer que ce que nous apprenons dans les deux domaines devienne une compréhension commune. Nous devons trouver les bonnes solutions pour nos patients.

Nous devons aussi trouver la bonne façon de former les chirurgiens et les cardiologues interventionnels de demain, car c’est désormais une question cruciale. Qui va faire cela ? Quel sera le parcours éducatif pour offrir aux nouvelles générations de médecins le meilleur package de formation ? Quelle est la description de poste d’un médecin cardiovasculaire correctement formé ? C’est une question d’actualité.

Dr Anton Titov : Tout cela est très important, car briser les silos en médecine est une tâche essentielle. Je pense que votre carrière illustre parfaitement l’importance de cette démarche pour le bénéfice du patient, qui reste l’objectif ultime.

Dr Francesco Maisano : Absolument. C’est l’un des plus grands défis pour les institutions académiques : proposer des parcours éducatifs modernes. Nous devons tous changer notre façon d’enseigner notre profession. Nous devons comprendre que le rythme des changements dans les descriptions de poste est si rapide que nous devons être suffisamment flexibles pour pouvoir évoluer, même dans les deux ou trois prochaines années.

Les choses changent si vite que vous ne pouvez plus exercer votre métier comme vous l’avez appris à l’école. Mon père est allé à l’école, est devenu chirurgien, et il a pu pratiquer presque les mêmes opérations toute sa vie. Ce n’est qu’à la toute fin de sa carrière qu’il a dû apprendre à réaliser la résection de la vésicule biliaire par laparoscopie. C’était un petit défi pour lui.

Imaginez aujourd’hui. Aujourd’hui, nous avons une procédure que j’ai apprise en chirurgie cardiaque : la fermeture de la communication interauriculaire (CIA). Aujourd’hui, c’est une technique que je ne peux pas transmettre à mes fellows, les chirurgiens en formation. Nous devons donc vraiment faire preuve de flexibilité. Mais la bonne nouvelle, c’est que toute cette flexibilité améliore in fine les résultats pour les patients. Elle crée de nouvelles opportunités.

Globalement, si vous regardez les données, le risque de mortalité des interventions sur la valve mitrale, par exemple, aux États-Unis, a diminué chaque année au fil du temps. L’introduction de procédures cardiaques moins invasives a réduit la mortalité pour mes patients. Cela vaut non seulement pour les patients bénéficiant de procédures endovasculaires, mais aussi pour ceux traités par chirurgie ouverte.

Car globalement, c’est une sorte de concurrence pour faire de mieux en mieux, pour être de moins en moins invasif, pour devenir de plus en plus sûr. Lorsque vous avez différentes options de traitement, vous pouvez aussi proposer des alternatives moins invasives aux patients plus fragiles. Vous pouvez réaliser des procédures plus éprouvées pour les patients qui supportent une intervention plus invasive et plus durable.