Erreurs fréquentes des patients. Rééducation et traitement de l’articulation du genou. 4

Erreurs fréquentes des patients. Rééducation et traitement de l’articulation du genou. 4

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Spécialiste de renom en chirurgie du genou et en médecine du sport, le docteur Pablo Gelber met en lumière les erreurs critiques que commettent les patients durant leur rééducation, soulignant qu’une immobilisation excessive est une faute majeure, susceptible d’endommager définitivement le cartilage. Il explique comment l’hyperactivité comme l’hypoactivité compromettent la récupération après un traumatisme méniscal, une déchirure ligamentaire ou une lésion fémoro-patellaire, et insiste sur l’importance d’une kinésithérapie personnalisée, contrôlée et adaptée à la douleur, pour assurer une guérison optimale.

Optimiser la rééducation du genou : Éviter les erreurs fréquentes après une blessure ou une chirurgie

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Les risques de l’immobilisation et de la nécrose du cartilage

Le Dr Pablo Gelber considère l’immobilisation prolongée du genou comme l’une des erreurs les plus dommageables que puissent commettre les patients. Il observe que nombre d’entre eux se présentent à sa consultation plusieurs semaines après une blessure ou une opération, le genou maintenu en extension complète. Cette immobilisation cause des dégâts bien au-delà d’une simple raideur articulaire. Le cartilage intra-articulaire a en effet besoin de mouvement pour se nourrir et rester en bonne santé.

Le Dr Gelber met en garde : l’immobilisation tue le cartilage. Une fois nécrosé, le tissu cartilagineux ne peut être régénéré ni réanimé, ce qui entraîne un problème dégénératif permanent. Ainsi, après toute lésion du genou — qu’il s’agisse d’un traumatisme méniscal ou d’une déchirure ligamentaire —, une mobilisation précoce et prudente est essentielle pour préserver le cartilage.

Suractivité ou sous-activité : trouver le juste équilibre

Lors de la rééducation du genou, les patients tendent souvent vers l’un de deux extrêmes. Le Dr Gelber explique que certains, après une blessure récente, en font trop. Ils dépassent leurs limites physiques et risquent d’aggraver les tissus en cours de cicatrisation. Cette suractivité peut retarder la guérison, notamment après une opération du ligament croisé antérieur (LCA) ou une réparation méniscale.

L’erreur inverse est tout aussi fréquente : par crainte de provoquer une nouvelle lésion ou de ressentir de la douleur, de nombreux patients deviennent trop prudents et négligent les exercices prescrits. Cette sous-activité compromet le renforcement musculaire et la mobilisation nécessaires à une récupération complète. Le Dr Gelber souligne que l’équilibre entre activité et repos est fondamental pour la guérison des déchirures ligamentaires et autres lésions du genou.

L’importance de la gestion de la douleur dans la rééducation

La douleur est un facteur qui fait souvent échouer les programmes de rééducation. Le Dr Gelber constate que les patients se laissent fréquemment dominer par elle : dès que les exercices deviennent inconfortables, ils interrompent leur effort au lieu d’adapter leur amplitude de mouvement. Cette appréhension conduit directement à de moins bons résultats.

L’objectif n’est pas de persévérer malgré une douleur aiguë, mais de gérer l’inconfort de manière efficace. Un bon programme de kinésithérapie intègre des stratégies pour maîtriser la douleur, permettant au patient d’effectuer les mouvements favorisant la guérison sans causer de dommages. Laisser la douleur dicter entièrement le niveau d’activité peut conduire à la raideur et à la faiblesse contre lesquelles le Dr Gelber met en garde.

Pourquoi la rééducation doit être personnalisée

Aucun exercice n’est universellement mauvais pour le genou ; tout dépend du contexte. Le Dr Gelber illustre ce propos en comparant deux interventions distinctes. Après une chirurgie de l’articulation fémoro-patellaire, l’appui et la flexion profonde sont généralement limités pendant les premières semaines afin de protéger la réparation.

À l’inverse, le protocole est totalement différent après une greffe de cartilage : le mouvement y est encouragé pour favoriser l’intégration et le développement du tissu. Le Dr Gelber souligne que plus le genou est mobilisé après ce type d’intervention, meilleurs sont les résultats. D’où l’importance cruciale de suivre scrupuleusement les consignes personnalisées du chirurgien et du kinésithérapeute.

Retrouver une amplitude articulaire complète : un défi crucial

Lorsqu’un genou a été immobilisé longtemps, retrouver toute son amplitude de mouvement représente un défi de taille. Le Dr Gelber précise que la difficulté ne tient pas seulement à la raideur des muscles et des ligaments : l’immobilisation prolongée altère également la santé même de l’articulation.

La rééducation s’en trouve prolongée, plus difficile, et parfois moins efficace. L’un des objectifs premiers de la rééducation précoce est justement d’éviter que cette raideur ne s’installe. Des mouvements guidés et réguliers aident à préserver la mobilité et à éviter les complications liées à un genou “bloqué”.

L’accompagnement par un expert, clé de la réussite

Une rééducation réussie exige un encadrement professionnel. Comme le soulignent le Dr Anton Titov et le Dr Pablo Gelber, gérer seul sa récupération après une lésion complexe du genou expose à de nombreuses erreurs. Un kinésithérapeute compétent sait traduire le protocole chirurgical en une routine quotidienne à la fois sûre et efficace.

Ce suivi expert permet au patient de distinguer une douleur normale d’un signal d’alerte, et d’éviter tant la suractivité que la sous-activité. Suivre un programme conçu par des spécialistes comme le Dr Gelber reste la stratégie la plus sûre pour restaurer la fonction du genou et prévenir des complications à long terme, telle l’arthrose post-traumatique.

Transcript intégral

Dr. Pablo Gelber, MD: Quelles sont les erreurs courantes commises par les patients dans le traitement d’un traumatisme méniscal, d’une déchirure ligamentaire ou d’une lésion fémoro-patellaire ? On peut les classer en deux ou trois catégories.

La première concerne les patients avec une blessure récente. Sans toujours savoir pourquoi, on constate que certains en font trop. Ils dépassent leurs limites.

À l’inverse, nombreux sont ceux qui, par crainte, ne font pas ce qu’ils devraient — que ce soit après un traumatisme méniscal ou une lésion ligamentaire.

Plutôt que de chercher quels exercices sont mal réalisés, il faut comprendre que l’échec de la rééducation tient souvent au fait que les patients renoncent à cause de la douleur. Ils la laissent prendre le dessus, ce qui nuit gravement au processus de récupération.

Il n’existe pas d’exercice intrinsèquement mauvais pour le genou. Tout est question de contexte.

Après une chirurgie de l’articulation fémoro-patellaire, par exemple, l’appui et la flexion sont limités les premières semaines. En revanche, après une greffe de cartilage, c’est l’inverse : plus le genou bouge, mieux la greffe s’intègre.

Je le répète : le pire, pour un genou, c’est l’immobilisation. Malheureusement, j’en vois trop souvent les conséquences.

Des patients viennent me consulter après des semaines d’immobilisation, le genou maintenu en extension. Le problème ne se limite pas alors à retrouver l’amplitude articulaire : l’immobilisation a aussi détruit du cartilage.

Une fois nécrosé, le cartilage ne revient pas. Il est donc capital, après toute lésion du genou, de mobiliser l’articulation pour le préserver.