Le Dr Simon Robson, MD, expert de renom en hépatologie et en xénotransplantation, fait le point sur l'état actuel et les perspectives de la transplantation hépatique à partir d'animaux. Il expose les principaux défis, notamment le rejet d'organe et la transmission d'infections. La modification génétique des foies porcins offre des résultats encourageants pour contourner ces obstacles. Pour l'instant, ces greffes animales servent uniquement de solution transitoire en attendant une transplantation humaine. Le Dr Robson souligne des avancées majeures, avec une prolongation de la survie dans les modèles précliniques, passant de quelques jours à plusieurs semaines.
Xénotransplantation : l’avenir des greffes de foie animal chez l’humain
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- État actuel de la xénotransplantation
- Surmonter le rejet d’organe
- Progrès de la recherche et survie
- Risques infectieux en xénotransplantation
- Applications cliniques comme pont thérapeutique
- Options de greffe hépatique humaine
- Transcription intégrale
État actuel de la xénotransplantation
La xénotransplantation hépatique consiste à transplanter des organes animaux, principalement porcins, vers l’humain. Le Dr Simon Robson, médecin et chercheur de pointe dans ce domaine, souligne la complexité de cette discipline. Le corps humain déclenche une réponse immunitaire rapide et intense contre les organes porcins. Ce rejet immédiat est l’une des principales raisons pour lesquelles la greffe hépatique animale n’est pas efficace à ce jour.
Les modèles précliniques se concentrent sur la transplantation de foies de porcs génétiquement modifiés vers des primates comme les babouins. Les tentatives antérieures d’utilisation de foies porcins comme dispositifs de perfusion pour des patients en insuffisance hépatique aiguë n’ont montré qu’un bénéfice limité. L’entretien avec le Dr Anton Titov, médecin, confirme que la technologie actuelle n’est pas encore adaptée à une utilisation humaine à long terme.
Surmonter le rejet d’organe
Le principal obstacle à la réussite de la xénotransplantation hépatique est le rejet hyperaigu. Le Dr Simon Robson, médecin, explique que ce rejet est médié par des anticorps et l’activation du complément. Une stratégie clé consiste à modifier génétiquement les porcs donneurs pour supprimer certains antigènes glucidiques, appelés épitopes gal, que l’humain identifie comme étrangers.
Cependant, cette suppression entraîne un autre problème : une coagulation sanguine excessive. Les recherches du Dr Robson visent à exprimer des gènes humains chez le porc pour prévenir cette thrombose. Les molécules clés incluent l’enzyme CD39, qui élimine l’ATP pour éviter l’activation plaquettaire, et la thrombomoduline, un puissant anticoagulant humain. Cette ingénierie génétique est essentielle pour adapter les foies porcins à la physiologie humaine.
Progrès de la recherche et survie
La xénotransplantation a connu des avancées majeures au cours des vingt dernières années. Le Dr Simon Robson, médecin, note que la survie initiale des primates recevant des organes porcins ne dépassait pas un ou deux jours. Grâce à une collaboration étendue et à la modification génétique, les chercheurs ont considérablement prolongé cette durée.
Les modèles actuels montrent que des reins de porc peuvent maintenir en vie un babouin jusqu’à 68 jours. Les greffes cardiaques atteignent 20 à 30 jours. La transplantation hépatique reste la plus difficile. Malgré les progrès, la fonction et la survie d’un foie porcin transplanté se comptent encore en jours, et non en mois ou années. Cela souligne la nécessité de poursuivre les efforts pour obtenir des résultats durables.
Risques infectieux en xénotransplantation
Un enjeu majeur de la transplantation d’organes animaux est le risque de transmission d’infections zoonotiques. Le Dr Simon Robson, médecin, évoque plusieurs virus susceptibles de passer du porc à l’humain, notamment le virus de l’hépatite E, les rétrovirus endogènes porcins (PERV) et le cytomégalovirus porcin.
Les patients transplantés sous immunosuppresseurs sont particulièrement vulnérables à ces infections. D’autres menaces, comme les virus grippaux circulant entre porcs et humains, doivent également être prises en compte. Le Dr Robson cite le virus Ebola Reston comme exemple de pathogène animal pouvant franchir la barrière des espèces. Un dépistage rigoureux et l’ingénierie génétique sont nécessaires pour atténuer ces risques infectieux.
Applications cliniques comme pont thérapeutique
L’application clinique la plus immédiate de la xénotransplantation hépatique est son utilisation comme traitement transitoire. Le Dr Simon Robson, médecin, explique que les patients en insuffisance hépatique aiguë ne disposent pas d’équivalent à la dialyse rénale. Un foie de porc génétiquement modifié pourrait fonctionner temporairement pendant 7 à 10 jours chez l’humain.
Cette courte période pourrait permettre au foie du patient de récupérer ou offrir un délai précieux pour trouver un donneur humain. Pour l’instant, la greffe hépatique porcine n’est pas une solution permanente, mais une mesure palliative pour éviter le décès en attendant une transplantation humaine. Ce concept de pont représente une utilisation prometteuse à court terme.
Options de greffe hépatique humaine
Le Dr Simon Robson, médecin, et le Dr Anton Titov, médecin, abordent également les options actuelles de greffe hépatique humaine. Le gold standard pour la survie à long terme reste la transplantation à partir d’un donneur humain, qu’il s’agisse d’un donneur en mort encéphalique ou d’un donneur vivant.
La transplantation avec donneur vivant implique le prélèvement de jusqu’à 50 % du foie d’une personne saine. Le foie du donneur se régénère en 6 à 8 semaines. Les receveurs obtiennent souvent d’excellents résultats, car l’organe transplanté est sain et non soumis à un stress inflammatoire. Cependant, la chirurgie comporte un risque pour le donneur, soulignant le besoin de sources alternatives comme la xénotransplantation.
Transcription intégrale
Transplantation hépatique animale : espoirs et défis expliqués par un expert de premier plan en hépatologie. Où en sommes-nous d’une transplantation fiable de foie animal ? Comment surmonter les obstacles de la xénotransplantation hépatique ? Transplantation hépatique animale : espoirs et défis expliqués.
Dr Anton Titov, médecin : Interview vidéo avec un expert de premier plan en hépatologie de la Harvard Medical School. Le Dr Simon Robson mène des recherches en xénotransplantation hépatique depuis 20 ans. Interview vidéo sur l’état actuel de la transplantation hépatique animale. Où en sommes-nous de la transplantation d’organes animaux chez l’humain ? Des progrès existent dans l’élevage d’organes animaux à des fins de transplantation humaine.
Dr Simon Robson, médecin : Les défis sont le rejet d’organe et la transmission d’infections animales. La transplantation hépatique animale fonctionne mal aujourd’hui. Le rejet est médié par l’activation du complément. La modification génétique du foie porcin pour prévenir le rejet est possible. L’enzyme CD39 joue un rôle clé en éliminant l’ATP.
La transplantation hépatique porcine peut servir de mesure temporaire en attendant un donneur humain. Un deuxième avis médical aide à confirmer le diagnostic d’insuffisance hépatique et à choisir le meilleur traitement.
Dr Simon Robson, médecin : Un deuxième avis médical en insuffisance hépatique aide également à retarder le besoin de transplantation. Les infections virales animales, comme le virus de type Ebola Reston et le cytomégalovirus porcin, peuvent potentiellement se transmettre aux receveurs humains.
Dr Anton Titov, médecin : Les avantages de la xénotransplantation sont une source readily available d’organes d’« animaux d’élevage ». Les inconvénients sont le rejet et les infections. La transplantation hépatique animale progresse. Faut-il élever des organes animaux pour la transplantation humaine ?
Dr Simon Robson, médecin : Oui, si les problèmes de transplantation sont résolus. Xénotransplantation : évaluer le bénéfice individuel et les risques reste difficile, car les organes animaux ne sont pour l’instant qu’une solution temporaire. La transplantation hépatique animale peut aujourd’hui aider plus de patients qu’auparavant. Organes animaux pour transplantation humaine. Greffe de foie porcin vers l’humain.
Dr Anton Titov, médecin : Transplantation hépatique. Le foie est le laboratoire biochimique du corps et possède une remarquable capacité de régénération.
Dr Simon Robson, médecin : Mais l’hépatite auto-immune et virale, la stéatose hépatique et les syndromes métaboliques peuvent gravement l’endommager. Parfois, seule la transplantation hépatique peut sauver les patients. Or, les donneurs de foie sont bien moins nombreux que les patients en attente. D’où l’intérêt pour la xénotransplantation hépatique. Vous avez réalisé un travail majeur dans ce domaine, qui est l’un de vos principaux centres d’intérêt cliniques.
Dr Anton Titov, médecin : Quel est l’état actuel de la xénotransplantation ? Quelles sont les avancées récentes ?
Dr Simon Robson, médecin : La xénotransplantation hépatique est très complexe. Nous étudions la transplantation de foie de porc génétiquement modifié vers des babouins, un modèle préclinique.
Dr Simon Robson, médecin : Il y a eu des transplantations de porcs vers l’humain. Des foies porcins ont aussi été utilisés comme dispositifs de perfusion pour corriger des troubles métaboliques en insuffisance hépatique aiguë.
Dr Anton Titov, médecin : Pour épurer les toxines du sang humain en le faisant circuler through un foie porcin.
Dr Simon Robson, médecin : Ces études n’ont pas montré de bénéfice majeur pour les patients. Le problème est que le corps humain rejette très rapidement les organes porcins. Ce rejet est médié par des anticorps et l’activation du complément, une réponse immunitaire innée intense.
Dr Simon Robson, médecin : Nous pouvons prévenir le rejet aigu en modifiant le foie porcin pour supprimer les principaux antigènes, les épitopes glucidiques gal.
Dr Anton Titov, médecin : Mais l’humain ne les possède pas. Leur suppression entraîne une coagulation excessive. Nous travaillons à exprimer des anticoagulants et molécules antithrombotiques humaines à la surface vasculaire du foie porcin.
Dr Simon Robson, médecin : Mes recherches portent sur l’enzyme CD39, qui élimine l’ATP activateur des plaquettes, et sur la thrombomoduline, un anticoagulant humain. Les versions porcines de ces molécules ne fonctionnent pas chez l’humain et les babouins. Nous insérons donc les gènes humains dans le porc.
Dr Simon Robson, médecin : Nous exprimons aussi des gènes régulateurs de l’activation du complément humain. Je mène ces recherches depuis 20 ans en collaboration avec le Dr David Sachs du Massachusetts General Hospital, le Dr Peter Cowan et le Dr Anthony d’Apice en Australie, et le chirurgien Dr David Cooper à Pittsburgh.
Dr Simon Robson, médecin : Nous avons réalisé des progrès spectaculaires. Initialement, la survie après xénotransplantation n’était que d’un ou deux jours. Aujourd’hui, un rein de porc peut survivre jusqu’à 68 jours chez un babouin. La greffe cardiaque atteint 20 à 30 jours. Le foie pose un défi différent.
Dr Anton Titov, médecin : Le foie produit des facteurs de coagulation. Nous pouvons modifier génétiquement les régulateurs et bloquer l’activation de la coagulation dans l’organe transplanté. Mais la survie après xénotransplantation hépatique se compte encore en jours. Pour l’instant, elle ne peut servir que de pont thérapeutique. En insuffisance hépatique aiguë, nous n’avons pas de « dialyse ». Un patient pourrait recevoir un foie de porc fonctionnant 7 à 10 jours.
Dr Simon Robson, médecin : Pendant cette période, le patient pourrait récupérer partiellement ou un donneur humain pourrait être trouvé. Pour l’instant, la greffe porcine n’est qu’un pont vers une transplantation humaine. Les choses pourraient changer à l’avenir. Des progrès majeurs ont été réalisés récemment.
Nous travaillons à prolonger la survie du xénogreffe et à améliorer sa fonction. Le succès durable de la xénotransplantation hépatique porcine relève encore du futur, mais nous avons accompli beaucoup.
Dr Anton Titov, médecin : Aujourd’hui, c’est la transplantation humaine qui offre une survie prolongée.
Dr Simon Robson, médecin : Exact. Chez les patients en insuffisance hépatique aiguë, une transplantation cadavérique est possible. Pour les maladies stables ou chroniques, la transplantation avec donneur vivant est une option.
Dr Anton Titov, médecin : Jusqu’à 50 % du foie d’un donneur vivant peut être prélevé. Il se régénère en 6 à 8 semaines. Les résultats sont excellents chez le receveur, car l’organe n’est pas soumis à un stress inflammatoire.
Dr Simon Robson, médecin : Mais la chirurgie comporte un risque pour le donneur sain. D’où le besoin de sources alternatives comme la xénotransplantation.
Dr Anton Titov, médecin : La transplantation hépatique porcine comporte un risque d’infection et de transmission de virus animaux.
Dr Simon Robson, médecin : C’est une préoccupation. Il existe des virus et bactéries porcins pathogènes pour l’humain, comme l’hépatite E, les rétrovirus endogènes porcins (PERV), et le cytomégalovirus porcin, qui peut endommager l’endothélium vasculaire. Les infections ne semblent pas être un problème majeur, mais elles doivent être surveillées.
Dr Simon Robson, médecin : Il y a aussi des préoccupations concernant des virus comme Ebola. Le virus Ebola Reston, trouvé chez des singes, s’est transmis à d’autres primates et aux porcs. Nous devons nous méfier des virus grippaux et autres infections zoonotiques, surtout chez les patients immunosupprimés.
Dr Anton Titov, médecin : Ce sont des infections d’origine animale. L’immunosuppression post-transplantation y prédispose. C’est un domaine de recherche passionnant, riche en découvertes biologiques importantes.
Dr Simon Robson, médecin : Cette recherche a des applications cliniques majeures. Nous espérons trouver des médicaments ou des modifications génétiques prévenant le rejet des xénogreffes. De telles découvertes auront aussi un impact significatif sur d’autres maladies humaines, notamment celles affectant les vaisseaux sanguins.
Dr Anton Titov, médecin : Transplantation hépatique animale : espoirs et défis expliqués. Interview vidéo avec un expert de premier plan. État de la xénotransplantation hépatique.