Compléments alimentaires et médicaments génériques pour la stéatohépatite non alcoolique (NASH) et la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD). 8

Compléments alimentaires et médicaments génériques pour la stéatohépatite non alcoolique (NASH) et la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD). 8

Can we help?

Le Dr Scott Friedman, MD, expert de premier plan en hépatologie, explique l’influence du microbiome intestinal sur la NASH et la NAFLD. Il présente des stratégies thérapeutiques innovantes, telles que l’utilisation de « microbes comme médicaments » et la transplantation de microbiote fécal. Le Dr Friedman soulève également le défi que représente le développement de compléments alimentaires naturels non brevetables et de médicaments génériques pour la stéatohépatite non alcoolique (NASH). Selon lui, le manque d’incitations commerciales freine l’engagement des entreprises pharmaceutiques dans ces traitements pourtant efficaces. Il appelle ainsi les gouvernements et les fondations à combler ce déficit crucial en recherche et développement.

Thérapies du microbiome et repositionnement de médicaments dans la NASH et la NAFLD

Aller à la section

Thérapie du microbiome pour la NASH et la NAFLD

Le Dr Scott Friedman, MD, présente des stratégies innovantes fondées sur le microbiome pour traiter la stéatopathie hépatique non alcoolique. Cette approche consiste notamment à transplanter des profils bactériens plus sains chez les patients, utilisant ainsi les « microbes comme médicaments » pour freiner la progression de la NASH.

Selon le Dr Friedman, la modulation du microbiome endogène offre des perspectives prometteuses, que ce soit par des probiotiques ou des antibiotiques ciblés. Ces interventions visent à remodeler l’environnement intestinal et à améliorer la santé hépatique.

Lien entre la NASH maigre et le microbiome

Le Dr Scott Friedman, MD, met en lumière un lien frappant entre les anomalies du microbiome et la NASH maigre. Les patients concernés présentent un poids normal mais développent malgré tout une stéatopathie hépatique, suggérant l’implication de facteurs non conventionnels.

D’après le Dr Friedman, les facteurs génétiques et les risques ethniques contribuent également à la NASH maigre. La composition particulière du microbiome chez ces patients pourrait déclencher l’apparition de la NAFLD, ouvrant ainsi la voie à des thérapies ciblées pour des sous-groupes spécifiques.

Compléments naturels pour le traitement de la NASH

Le Dr Anton Titov, MD, s’interroge sur le potentiel de composés naturels comme le butyrate ou la curcumine dans le traitement de la NASH. Ces substances semblent capables de réduire les cytokines pro-inflammatoires, dont NF kappa B, et constituent des options accessibles sans ordonnance.

Le Dr Scott Friedman, MD, reconnaît leur efficacité potentielle, mais relève le faible intérêt des laboratoires pharmaceutiques pour leur développement. L’absence de brevet les rend peu attractives sur le plan commercial, malgré leurs bénéfices thérapeutiques.

Repositionnement de médicaments pour la thérapie de la NASH

Le Dr Scott Friedman, MD, évoque le repositionnement de médicaments comme piste prometteuse pour la NASH. Des molécules déjà utilisées pour d’autres pathologies pourraient se révéler efficaces contre la stéatopathie hépatique, profitant ainsi de profils de sécurité déjà établis.

Son équipe a mené des études montrant des bénéfices inattendus de médicaments repositionnés dans la NASH. Reste à traduire ces découvertes en applications cliniques, ce qui constitue le principal défi.

Obstacles commerciaux dans la recherche sur la NASH

Le Dr Scott Friedman, MD, identifie des freins commerciaux majeurs au développement de traitements contre la NASH. Les entreprises privilégient les molécules brevetables aux compléments naturels ou aux génériques, créant un déficit thérapeutique pour des options pourtant prometteuses.

Il souligne que le développement de médicaments ne se résume pas à l’efficacité et à l’innocuité : les considérations commerciales influencent largement le financement de la recherche. Il plaide pour un soutien accru des fondations et des gouvernements afin de combler ce manque.

Transcription intégrale

Dr Scott Friedman, MD: Vous avez également mentionné dans l’une de vos revues des stratégies comme « traiter le microbe » ou utiliser « les microbes comme médicaments » contre la stéatopathie hépatique non alcoolique et la NASH. Effectivement, il pourrait s’agir de transplanter des bactéries au profil plus sain — le microbe devient alors un médicament.

De même, modifier le microbiome endogène par des probiotiques ou des antibiotiques sélectifs pourrait transformer l’écosystème intestinal et, on l’espère, améliorer l’évolution de la NASH.

Le microbiome me paraît particulièrement convaincant comme facteur déclenchant chez les patients atteints de NASH maigre. Ils ne présentent ni excès de graisse hépatique ni obésité, et pourtant développent une NASH.

Cela — ajouté aux facteurs génétiques et aux risques ethniques — conforte l’idée que ces patients pourraient avoir un microbiome ou des composants microbiens particuliers conduisant à la NAFLD malgré un poids normal.

Nous n’en sommes qu’aux prémices, mais je suis confiant dans les progrès à venir.

Dr Anton Titov, MD: Qu’en est-il des petites molécules ou des substances naturelles comme le butyrate ou la curcumine pour réduire les cytokines pro-inflammatoires, notamment NF kappa B ?

Dr Scott Friedman, MD: L’industrie pharmaceutique et biotechnologique cherche actuellement à identifier des cibles médicamenteuses, intestinales ou hépatiques, capables de réguler et donc d’améliorer la NASH.

Le butyrate, peu. Il faut être un peu cynique : les composés naturels et les compléments disponibles sans ordonnance n’intéressent guère l’industrie, car non brevetables et donc peu rentables.

Il faut reconnaître que certains traitements — y compris des médicaments existants repositionnables — ne sont pas suffisamment explorés faute d’incitation commerciale.

Aucune entreprise ne tirera profit de tels produits. Il devient donc difficile de tester des options comme le butyrate, par manque d’intérêt économique.

C’est un domaine où fondations et agences gouvernementales pourraient pallier ce manque, en soutenant l’étude de composés naturels bien caractérisés ou de médicaments repositionnés déjà dans le domaine public mais bien tolérés.

Nous avons mené dans mon laboratoire des études montrant que certains médicaments testés pour d’autres maladies avaient aussi, à notre surprise, un effet bénéfique sur la NASH.

Hélas, nous n’avons pas réussi à convaincre les détenteurs de brevets d’investir dans un programme clinique pour la NASH.

Le développement des médicaments dépasse donc la simple efficacité et sécurité — les réalités commerciales pèsent lourd. Je le regrette, mais c’est le fonctionnement actuel du système.