Vitamines et compléments alimentaires en médecine intégrative. 10

Vitamines et compléments alimentaires en médecine intégrative. 10

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Expert de premier plan en médecine intégrative, le Dr Kevin Barrows, MD, explique pourquoi la plupart des vitamines et compléments alimentaires sont superflus dans une approche holistique de la santé. Il souligne qu’une alimentation riche en nutriments surpasse systématiquement les compléments pour le bien-être, tout en pointant des préoccupations éthiques et des problèmes de qualité dans l’industrie. Il identifie quelques exceptions rares, comme le déficit en vitamine D, et préconise une utilisation des compléments uniquement fondée sur des preuves, et seulement lorsque l’amélioration du régime alimentaire n’est pas réalisable.

Vitamines et compléments alimentaires en santé holistique : utilité, risques et approche fondée sur les preuves

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Vitamines en médecine intégrative : une utilité restreinte

Selon le Dr Kevin Barrows, les vitamines et compléments alimentaires n’occupent qu’une place marginale dans les traitements de médecine intégrative fondés sur les preuves. « La plupart des vitamines et compléments ne sont pas nécessaires », affirme-t-il, pointant du doigt le poids d’une industrie multimilliardaire et son marketing agressif. Au cours de son échange avec le Dr Anton Titov, il souligne que, bien qu’ancrés dans la culture des soins de santé, ces produits n’ont qu’une valeur thérapeutique limitée, sauf en cas de carences avérées.

Alimentation vs compléments : la nourriture comme source optimale

Pour le Dr Kevin Barrows, les aliments entiers surpassent systématiquement les compléments sur le plan nutritionnel. « Le corps humain a évolué pour tirer parti des nutriments issus de sources alimentaires, y compris des composés que nous n’avons pas encore identifiés », explique-t-il. Les études, selon lui, privilégient massivement les interventions diététiques par rapport à la supplémentation pour améliorer la santé. Il confie au Dr Anton Titov : « Je préfère qu’une personne ait une alimentation très saine sans prendre aucune vitamine, plutôt qu’elle dépende de compléments. »

Éthique de l’industrie des compléments et enjeux pour les praticiens

La vente de compléments soulève d’importants conflits d’intérêts lorsque les praticiens en tirent un bénéfice. Le Dr Kevin Barrows met en garde : « Dès qu’un professionnel a un intérêt personnel à recommander un traitement, la situation devient problématique. » Il observe que des biais inconscients influencent souvent les recommandations, qu’il s’agisse de médecine conventionnelle ou intégrative. Pour préserver l’objectivité, son cabinet ne vend aucun complément et oriente plutôt les patients vers des marques vérifiées indépendamment, à acheter ailleurs.

Qualité et sécurité des compléments : des défis persistants

Le manque de régulation suscite de sérieuses inquiétudes quant à la qualité et à l’innocuité des compléments dans le domaine de la santé holistique. Le Dr Kevin Barrows oppose ce secteur à celui des médicaments : « Il n’est pas soumis à la surveillance rigoureuse de la FDA. » S’il reconnaît l’existence d’entreprises éthiques, il alerte sur celles qui privilégient les profits au détriment de la sécurité. Il conseille au Dr Anton Titov de recommander aux patients des compléments certifiés par des organismes indépendants comme USP ou NSF International.

Compléments à visée thérapeutique : exceptions et carences

La carence en vitamine D constitue une rare exception où une supplémentation ciblée présente un intérêt thérapeutique en santé holistique. « Je ne vois pas d’utilité majeure aux vitamines en dehors des carences spécifiques », précise le Dr Kevin Barrows. Il n’envisage les multivitamines qu’avec réticence, et seulement si l’amélioration du régime alimentaire s’avère impossible. Auprès du Dr Anton Titov, il insiste : même dans les sociétés industrialisées où la nutrition est généralement suffisante, les compléments ne doivent pas se substituer aux nutriments d’origine alimentaire.

Risques et effets indésirables des vitamines

Contrairement à l’idée reçue de leur innocuité, des études montrent que les compléments peuvent occasionner des dommages. Le Dr Kevin Barrows relève des résultats préoccupants : « On a observé des cas de toxicité liés aux vitamines, même si le plus souvent elles sont simplement inefficaces. » Il précise que les mégadoses de vitamines liposolubles (A, D, E, K) présentent des risques spécifiques. Selon cet expert, une supplémentation inutile représente à la fois un gaspillage de ressources et une source potentielle de risques pour la santé.

Conseils pour une supplémentation raisonnée

Le Dr Kevin Barrows propose une démarche claire en médecine intégrative : privilégier d’abord l’amélioration du régime alimentaire, puis envisager, si besoin, des compléments de qualité testée en cas de carences persistantes. Dans sa conversation avec le Dr Anton Titov, il recommande de solliciter un deuxième avis médical avant toute supplémentation. « Une alimentation saine reste la meilleure source de nutriments », conclut-il, en rappelant que les compléments ne doivent être utilisés qu’en second recours, sous supervision professionnelle.

Transcript intégral

Dr Anton Titov, médecin : - Abordons un sujet controversé mais crucial : les vitamines et compléments alimentaires. L’industrie est devenue une affaire multimilliardaire, avec un marketing omniprésent et très persuasif. Il faut aussi noter que de nombreux professionnels de santé génèrent des revenus supplémentaires en vendant des vitamines et compléments sous marque propre. C’est compréhensible : ce modèle est facilement scalable, les produits sont accessibles auprès de fournisseurs en marque blanche, et les marges sont élevées une fois le branding appliqué. Mais aussi importantes que soient les vitamines, il est essentiel de discuter de leur consommation en l’absence de carence avérée. Cette industrie et cette tendance sont bien installées. Quelle est la bonne approche pour prendre des compléments ? Comment adopter une démarche scientifique et fondée sur les preuves ?

Dr Kevin Barrows, médecin : Excellente question, et c’est un vrai sujet. Je commencerai par dire qu’il existe des entreprises éthiques qui proposent des produits de bonne qualité. Mais malheureusement, beaucoup d’autres sont purement motivées par le profit et mettent n’importe quoi sur le marché. Cette industrie n’est pas régulée comme le secteur pharmaceutique, qui relève de la FDA. Il y a bien une certaine surveillance, mais elle est bien moins rigoureuse. Sur la question des praticiens qui vendent des produits, ma conviction est que dès lors qu’un professionnel a un intérêt personnel à recommander un traitement – que ce soit en médecine conventionnelle ou intégrative –,

Dr Kevin Barrows, médecin : - cela pose problème, un vrai problème. Je pense que c’est possible de le faire de manière éthique, mais je reste méfiant : la plupart du temps, ne serait-ce que par biais inconscient, un praticien aura tendance à recommander ce dont il tire profit. C’est pourquoi je n’aime pas cette pratique. Dans notre cabinet, nous séparons clairement les choses : nous ne vendons rien. Nous indiquons aux patients où acheter et leur proposons plusieurs marques dont la qualité a été vérifiée par des tests indépendants. C’est ma préférence. Pour clarifier le problème que vous soulevez, je distinguerais deux aspects.

Dr Kevin Barrows, médecin : - Premièrement : quels produits pourraient être utiles – quelles vitamines, quels compléments ? Deuxièmement : comment évaluer la qualité des marques ? Commençons par les vitamines et compléments : j’en recommande de moins en moins. Je prône bien davantage une alimentation équilibrée. Toutes les recherches, sans parler du bon sens et de l’évolution humaine, montrent les bienfaits d’une alimentation saine. Nous le savons, étude après étude. Le corps humain est fait pour manger des aliments.

Dr Kevin Barrows, médecin : De plus, les aliments contiennent une multitude de nutriments, y compris certains que nous n’avons peut-être pas encore identifiés. La nourriture est donc presque toujours préférable aux compléments. Je préférerais qu’une personne ait une excellente alimentation sans prendre aucune vitamine. Pour un soutien nutritionnel général, si quelqu’un a une mauvaise alimentation et ne peut vraiment pas l’améliorer, alors à contrecœur, je dis : « OK, prenez une multivitamine. » On peut recommander certaines marques en s’appuyant sur des critères qualité, mais en gardant à l’esprit que c’est un choix très secondaire par rapport à une alimentation saine. Je ne vois pas beaucoup de situations

Dr Kevin Barrows, médecin : - en dehors des carences – où une vitamine aurait un effet thérapeutique spécifique. C’est surprenant, mais les études montrent le plus souvent que les vitamines n’aident pas. Il y a même eu quelques cas de dommages, mais la plupart du temps, elles sont simplement inefficaces. Quelques exceptions existent, comme la vitamine D, mais uniquement en cas de carence. Donc, dans les sociétés industrialisées où la nutrition est généralement adéquate, je ne vois pas de rôle important pour les compléments vitaminiques. L’alimentation reste la voie à privilégier.