Le Dr Dominique Bremond-Gignac, experte de renommée en ophtalmologie pédiatrique, explique comment les collyres à base d’atropine à faible dose sont aujourd’hui un traitement de première intention pour ralentir la progression de la myopie chez l’enfant. Elle détaille les critères d’instauration du traitement, notamment une évolution rapide de la myopie et des antécédents familiaux significatifs de myopie forte, et souligne que les très faibles concentrations utilisées — 0,01 % et 0,05 % — n’affectent généralement pas l’accommodation, ce qui permet une instillation flexible, matin ou soir. Le Dr Bremond-Gignac aborde également le mécanisme d’action de l’atropine et compare son efficacité à d’autres stratégies de contrôle de la myopie, comme l’orthokératologie.
Contrôle de la myopie chez l’enfant : L’atropine à faible dose pour ralentir sa progression
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- Quand débuter le traitement par atropine pour la myopie infantile
- Calendrier d’administration de l’atropine : matin ou soir
- Concentrations et effets secondaires de l’atropine à faible dose
- Associer l’atropine aux lunettes et autres traitements
- Comment l’atropine ralentit la progression de la myopie
- Lentilles d’orthokératologie pour contrôler la myopie
- Pourquoi l’atropine est le traitement le plus efficace
- Transcript intégral
Quand débuter le traitement par atropine pour la myopie infantile
Le moment idéal pour commencer un traitement par atropine chez l’enfant myope repose sur plusieurs facteurs cliniques. D’après le Dr Dominique Bremond-Gignac, des antécédents familiaux de forte myopie sont un indicateur important pour débuter tôt, car ils signalent un risque génétique accru. Mais le critère déterminant reste la vitesse d’évolution. Si la myopie progresse rapidement, le traitement peut être instauré très précocement, parfois peu après le diagnostic.
Calendrier d’administration de l’atropine : matin ou soir
Les parents s’interrogent souvent sur l’impact des gouttes d’atropine sur la vision et le quotidien de leur enfant. Le Dr Dominique Bremond-Gignac précise que les très faibles concentrations utilisées permettent une certaine flexibilité. Comme elles n’affectent généralement pas l’accommodation, une administration le matin est possible. En revanche, si l’enfant présente une vision floue, il est préférable d’utiliser l’atropine le soir pour limiter les gênes visuelles dans la journée.
Concentrations et effets secondaires de l’atropine à faible dose
Les formulations d’atropine employées contre la myopie diffèrent notablement des collyres standards. Le Dr Dominique Bremond-Gignac souligne que si ceux-ci contiennent 1 % ou 0,3 % d’atropine, les concentrations utilisées pour freiner l’évolution myopique sont bien inférieures : 0,01 % et 0,05 %. Ces très faibles doses n’ont pas d’effet significatif sur l’accommodation, ce qui en fait une option sûre et pratique pour les enfants, comme l’a expliqué le Dr Anton Titov lors de l’entretien.
Associer l’atropine aux lunettes et autres traitements
Le traitement par atropine n’exclut pas les autres corrections visuelles. Le Dr Dominique Bremond-Gignac insiste sur l’adaptation de la prise en charge à l’enfant et à sa famille. Une approche courante consiste à débuter par des lunettes, puis à ajouter l’atropine pour agir sur la progression de la myopie. Cette stratégie combinée permet à la fois de corriger la vision et de ralentir l’aggravation de la maladie.
Comment l’atropine ralentit la progression de la myopie
Le mécanisme d’action de l’atropine à faible dose fait encore l’objet de recherches. Le Dr Dominique Bremond-Gignac explique qu’elle agirait en inhibant les récepteurs muscariniques. Son effet principal serait de contrer le « défocus » de la périphérie rétinienne moyenne, un signal qui encourage l’allongement de l’œil. En bloquant ce signal, l’atropine contribue à stabiliser la longueur axiale. Le Dr Bremond-Gignac reconnaît toutefois que « nous ne connaissons pas tout sur le sujet », soulignant que son mode d’action exact reste à élucider.
Lentilles d’orthokératologie pour contrôler la myopie
Lors de l’entretien avec le Dr Anton Titov, l’orthokératologie a été évoquée comme alternative. Le Dr Bremond-Gignac précise qu’il ne s’agit pas d’une méthode récente : elle utilise des lentilles rigides portées la nuit pour remodeler la cornée. Des marques comme Menicon Ortho-k sont efficaces, mais souvent mieux tolérées par les enfants plus âgés. Les plus jeunes peuvent avoir du mal à supporter le port nocturne d’une lentille semi-rigide. Un autre défi, souligne-t-elle, est l’absence d’essais cliniques de grande ampleur confirmant son efficacité, en raison de difficultés méthodologiques.
Pourquoi l’atropine est le traitement le plus efficace
En comparant les options disponibles, le Dr Dominique Bremond-Gignac est catégorique : malgré l’intérêt de méthodes comme l’orthokératologie, « l’atropine est probablement le système le plus efficace pour ralentir la progression myopique ». Cette recommandation s’appuie sur son efficacité démontrée, sa simplicité d’utilisation et son bon profil de sécurité à faible dose. Une avancée cruciale pour une pathologie qui, comme le note le Dr Anton Titov, touche un pourcentage très important d’enfants, soit des millions dans le monde.
Transcript intégral
Dr Anton Titov, médecin : L’atropine pour la myopie. À partir de quel degré de sévérité faut-il la prescrire ? Peut-on l’envisager dès le diagnostic ? Quels sont les critères pour initier ce traitement ? Les avis divergent souvent, surtout en pédiatrie.
Deuxième question : l’atropine doit-elle être utilisée exclusivement le soir, à cause de son effet sur l’accommodation ? Comment l’emploie-t-on en ophtalmologie pour prévenir et traiter la myopie ?
Dr Dominique Bremond-Gignac, médecin : Cela dépend de l’âge de l’enfant et de ses antécédents familiaux. En cas de forte myopie parentale, le risque est élevé, et on peut débuter très tôt.
Pour l’administration, l’atropine peut être instillée le matin, car à faible dose, elle n’a généralement pas d’effet sur l’accommodation. Les collyres standards contiennent 1 % ou 0,3 % d’atropine, contre 0,01 % et 0,05 % pour la myopie. La concentration est vraiment faible. Habituellement, aucun impact.
Si un effet accommodatif survient, on préfère utiliser l’atropine le soir. On peut aussi l’associer à des lunettes. Par exemple, commencer par les lunettes, puis ajouter l’atropine. Le traitement est adapté à l’enfant et aux parents.
Je ne peux pas dire exactement quand débuter, mais en cas d’évolution rapide, on peut initier très précocement le traitement.
Dr Anton Titov, médecin : Quel est le mécanisme d’action de l’atropine à si faible concentration ?
Dr Dominique Bremond-Gignac, médecin : Question intéressante, car je pense qu’on ne connaît pas tout. L’atropine agirait sur les récepteurs muscariniques en les inhibant. Il y aurait deux mécanismes : lutter contre le défocus de la périphérie rétinienne moyenne, un signal qui pousse l’œil à s’allonger. C’est le principe des lunettes à défocus périphérique, de l’orthokératologie, ou de l’action de l’atropine. Mais tout n’est pas encore élucidé.
Dr Anton Titov, médecin : Très intéressant. Vous avez aussi parlé de lentilles remodelant la cornée chez l’enfant myope. Comment ça marche ? Est-ce récent ? Quel est le nom de cette technologie ? C’est nouveau pour moi.
Dr Dominique Bremond-Gignac, médecin : L’orthokératologie n’est pas nouvelle. Cela existe depuis un moment. Mais je la trouve plus adaptée aux enfants plus âgés. Les jeunes ont souvent du mal à porter une lentille semi-rigide la nuit.
L’orthokératologie est intéressante pour les ados sportifs. Les lentilles Menicon Ortho-k offrent un bon remodelage, d’autres marques aussi. Le problème, c’est le manque d’études cliniques solides, car c’est méthodologiquement complexe. Difficile de prouver précisément son action.
En aplatissant la cornée, on n’obtient pas forcément la correction idéale. Le processus est complexe.
C’est un système intéressant, mais je privilégierais d’abord les innovations ou l’atropine. L’atropine est probablement le plus efficace pour ralentir la progression.
Dr Anton Titov, médecin : Fascinant – aborder la myopie par la technologie et la pharmacologie. Espérons que cela réduira la myopie, surtout chez les jeunes. 20 %, c’est énorme, des millions d’enfants dans le monde.
Dr Dominique Bremond-Gignac, médecin : Exactement !