Expert de premier plan en chirurgie cardiaque et en innovation médicale, le Dr Francesco Maisano, MD, souligne le rôle crucial de la dimension humaine dans la médecine moderne. Il retrace son parcours personnel, évoluant d’un chirurgien axé sur la technique vers une approche plus holistique. Le Dr Maisano défend un équilibre entre progrès technologique et soins éthiques, centrés sur le patient. Il insiste sur le fait que l’innovation doit toujours viser la santé et le bien-être des personnes. Son message central : les médecins soignent des êtres humains, pas seulement des diagnostics.
L’humain au cœur de la chirurgie cardiaque et de l’innovation médicale
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- La dimension humaine en médecine
- Éthique et formation dans la pratique médicale
- Concentration technique versus soins au patient
- Innovation et bien-être du patient
- L’avenir de la chirurgie cardiaque
- Transcription intégrale
La dimension humaine en médecine
Le Dr Francesco Maisano souligne que la pratique médicale repose avant tout sur une relation humaine. Selon lui, même avec les technologies de pointe et l’intelligence artificielle, les médecins soignent des personnes. Il estime que le lien humain restera toujours un élément irremplaçable de la guérison. Cette vision est essentielle à l’ère de l’évolution rapide des technologies médicales.
Éthique et formation dans la pratique médicale
Le Dr Maisano constate que le progrès technologique a mis en lumière un manque crucial dans ses propres compétences. Il a réalisé que l’éthique, la formation et l’attitude humaine étaient les principaux points faibles au début de sa carrière. Cette prise de conscience est survenue alors qu’il développait de nouveaux outils et procédures. Son parcours montre que l’expertise technique doit s’appuyer sur de solides bases éthiques.
Concentration technique versus soins au patient
Le Dr Maisano décrit un parcours typique chez les jeunes médecins. Souvent, en début de carrière, ils cherchent à atteindre la perfection technique et à éviter l’échec. Cette focalisation, bien que nécessaire, peut parfois les amener à oublier qu’ils opèrent une personne. Ce phénomène est particulièrement marqué dans des spécialités très techniques comme la chirurgie cardiaque.
Innovation et bien-être du patient
L’expérience du Dr Maisano avec les procédures TAVI (implantation valvulaire aortique par cathéter) en 2003-2004 a transformé sa vision de la médecine. Traiter des patients âgés à haut risque, avec de multiples comorbidités, l’a rendu meilleur et plus complet comme médecin. Pour lui, l’innovation ne doit jamais faire peur quand elle vise la santé et le bien-être du patient. Le Dr Anton Titov partage cet avis, soulignant que la technologie doit compléter, et non remplacer, les soins humains.
L’avenir de la chirurgie cardiaque
Le Dr Maisano se définit comme un « médecin insatisfait », motivé par les limites des outils disponibles. Cette insatisfaction nourrit sa quête constante d’amélioration des résultats pour les patients. La prochaine étape clé de l’innovation, selon lui, est de rendre les techniques avancées accessibles à un plus grand nombre de médecins dans le monde. Cette démocratisation des soins représente l’avenir de la chirurgie cardiaque.
Transcription intégrale
Dr Anton Titov : Professeur Maisano, y a-t-il des questions que j’aurais dû vous poser et que j’ai omises ? Souhaitez-vous ajouter quelque chose pour le public international ?
Dr Francesco Maisano : Nous avons abordé de nombreux sujets. Il en est un que j’aimerais évoquer, même si ce n’est pas une question à proprement parler : la dimension humaine de la médecine. Nous sommes des êtres humains – y compris un médecin comme moi, qui a côtoyé des scientifiques, des ingénieurs, et travaillé avec la technologie.
Au fond, tout repose sur l’humain. Nous le sommes nous-mêmes. Alors, quand nous parlons d’intelligence artificielle ou de technologie, nous pouvons nous enthousiasmer pour ces outils. Mais en définitive, nous soignons des personnes, des humains, des amis, des pairs. La dimension humaine restera toujours indissociable de notre pratique.
Je voudrais partager quelque chose de très personnel. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, dès que j’ai commencé à travailler avec des technologies avancées, à développer de nouveaux outils, j’ai réalisé que ce qui me manquait le plus, c’était l’éthique, la formation et l’attitude humaine.
Beaucoup de médecins, moi le premier, en début de carrière, se concentrent sur l’aspect technique. Nous voulons être bons, éviter l’échec, atteindre la perfection technique. Nous nous formons pour devenir des experts fiables et compétents. Mais avec cette approche, nous oublions parfois que nous intervenons sur une personne. C’est particulièrement vrai dans des spécialités techniques comme la chirurgie cardiaque.
Quand j’ai commencé à pratiquer les TAVI au début des années 2000 – nous avons démarré ici en 2003, très tôt donc –, cette procédure était réservée à des patients très âgés, à haut risque, avec de multiples comorbidités. Nous en avons réalisé beaucoup. Et à cette époque, en tant que chirurgien cardiaque, j’ai appris à devenir un expert en médecine interne. Je suis devenu un meilleur médecin.
Mon message à mes pairs, aux jeunes générations, et même aux patients, est le suivant : il ne faut pas craindre l’innovation quand elle se concentre sur la santé et le bien-être du patient. C’est ce qui a guidé toute ma carrière. Si je suis un innovateur, c’est parce que je suis un médecin insatisfait. Je ne me contente jamais de ce que j’obtiens. Je veux faire plus, accomplir davantage. Les outils disponibles ne me satisfont pas, et je cherche toujours à obtenir mieux.
Je pense que nous avons beaucoup accompli, et la prochaine étape est de m’assurer que ce que je sais faire puisse être reproduit par beaucoup d’autres. C’est cela, l’enjeu suivant.
Dr Anton Titov : Merci. Une des raisons pour lesquelles j’ai créé le Diagnostic Detectives Network, c’est justement pour souligner la dimension humaine de la médecine, à une époque où la technologie transforme tous les domaines de la médecine et de la chirurgie. Certains pourraient croire qu’il s’agit seulement de lumières et de buzz – la technologie soignant les humains. Mais en réalité, ce sont des humains qui aident d’autres humains à vivre mieux. C’est un aspect fondamental, et je suis ravi que vous l’ayez souligné.
Professeur Maisano, merci infiniment pour cet échange passionnant. Nous espérons vous retrouver bientôt pour parler des nouvelles avancées en chirurgie cardiaque. Merci !