L'équipe multidisciplinaire (EMD) doit prendre en charge tous les patients atteints de cancer

L'équipe multidisciplinaire (EMD) doit prendre en charge tous les patients atteints de cancer

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Le Dr Torbjorn Holm, MD, expert de renommée mondiale en chirurgie du cancer rectal, explique pourquoi une évaluation par une équipe multidisciplinaire (EMD) est essentielle pour chaque patient atteint d’un cancer. Il plaide pour un avenir où les patients, en tant que consommateurs autonomes, choisissent activement des chirurgiens à haut volume et des centres de traitement spécialisés afin d’optimiser leurs chances de guérison.

Optimiser le traitement du cancer du rectum : le rôle clé des RCP et du choix du patient

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Pourquoi une équipe multidisciplinaire est indispensable

Le traitement moderne du cancer du rectum exige une approche multidisciplinaire pour chaque patient. Le Dr Torbjorn Holm affirme sans équivoque qu’aucun chirurgien ne devrait traiter un cancer du rectum sans avoir préalablement discuté le cas en réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Cette collaboration garantit que toutes les décisions thérapeutiques, y compris la nécessité d’une intervention chirurgicale, sont prises collectivement par une équipe de spécialistes : chirurgiens oncologues, oncologues médicaux, radiothérapeutes, radiologues et anatomo-pathologistes.

Cette stratégie d’équipe est la pierre angulaire de la médecine de précision en oncologie. Elle assure un plan de traitement complet, adapté au profil unique de chaque cancer.

Adapter le suivi au risque de récidive

Un avantage majeur de la RCP est sa capacité à stratifier les patients selon leur risque individuel de récidive. Le Dr Torbjorn Holm explique que tous les patients atteints d’un cancer du rectum ne nécessitent pas la même intensité de suivi. Certains présentent un risque très faible et peuvent bénéficier d’un suivi minimal, tandis que d’autres, à haut risque, doivent être surveillés de manière très intensive.

L’importance cruciale de la chirurgie à haut volume

Au-delà de la RCP, l’expertise chirurgicale est primordiale. Le Dr Anton Titov et le Dr Torbjorn Holm soulignent tous deux que les meilleurs résultats sont obtenus lorsqu’un chirurgien oncologue réalise un volume élevé d’un type d’intervention spécifique. Pour des procédures complexes comme la chirurgie du cancer du rectum, l’expérience du chirurgien est directement corrélée à de meilleurs résultats : taux de survie plus élevés et complications réduites.

Les patients devraient activement rechercher ces unités chirurgicales à haut volume et les chirurgiens spécialisés dans leur type de cancer. Cette focalisation sur le volume est un levier essentiel pour atteindre l’excellence en cancérologie.

Autonomiser le patient : devenir acteur de ses soins

Le Dr Torbjorn Holm défend une évolution majeure du rôle du patient, qui passe de receveur passif à consommateur actif et informé. Il estime que le terme « patient », qui suggère une attente passive, est dépassé. L’avenir de la médecine repose sur des patients exigeants en information, recherchant des unités de traitement spécialisées et insistant pour obtenir les meilleurs soins.

Cette autonomisation implique que les patients comprennent ce qui constitue les « meilleurs soins » en cancérologie : une évaluation en RCP et un chirurgien à haut volume. Le Dr Holm est convaincu que cette posture proactive transformera fondamentalement la prestation des soins de santé.

Surmonter les obstacles systémiques aux soins optimaux

Malgré une voie claire vers des soins optimaux, des obstacles systémiques persistent souvent. Le Dr Holm souligne que dans des systèmes comme celui de la Suède, il n’existe pas de marché libre des soins de santé. Les gouvernements peuvent plafonner le nombre d’opérations par hôpital, limitant ainsi l’accès des patients aux centres à haut volume.

La solution, selon le Dr Torbjorn Holm, réside dans la demande des patients. Si les patients choisissent systématiquement les meilleurs hôpitaux, le financement suivra, contraignant les centres moins performants à s’améliorer ou à fermer. La disponibilité des traitements doit répondre aux besoins des patients, et non à des quotas bureaucratiques.

L’avenir des soins de santé guidé par le patient

La conversation avec le Dr Anton Titov esquisse un avenir prometteur pour l’oncologie. Le Dr Holm imagine un système où les patients utilisent internet et des registres de résultats ouverts pour explorer leurs options. Armés de données, ils exigeront d’être orientés vers les spécialistes et centres affichant les meilleurs résultats.

Cette transparence et cet accès à l’information créeront un paysage de soins plus compétitif et de meilleure qualité. Le pouvoir de décision reviendra de plus en plus aux patients informés eux-mêmes.

La valeur d’un deuxième avis médical en cancérologie

Un deuxième avis médical est un outil précieux pour les patients dans ce nouveau paradigme. Il remplit deux fonctions cruciales : confirmer l’exactitude et l’exhaustivité du diagnostic de cancer du rectum, et vérifier que le plan de traitement proposé, incluant la chirurgie, est nécessaire et optimal.

Demander un deuxième avis auprès d’une équipe multidisciplinaire différente dans un centre spécialisé aide les patients à choisir le meilleur traitement en toute confiance. Cette démarche proactive s’inscrit parfaitement dans la vision du Dr Holm d’un patient autonome, maître de son parcours de soins.

Transcript intégral

Dr. Anton Titov, MD : Les patients doivent exiger le meilleur traitement contre le cancer. Ils doivent devenir des consommateurs actifs de leurs soins de santé.

L’évaluation par une équipe multidisciplinaire est indispensable dans le traitement moderne du cancer.

Dr. Torbjorn Holm, MD : Aujourd’hui, aucun chirurgien ne devrait traiter un cancer du rectum sans avoir discuté le cas en réunion d’équipe multidisciplinaire (RCP), avant et même après la chirurgie. Cette démarche permet de décider si le patient a besoin d’un traitement supplémentaire et comment assurer son suivi.

Il est évident que certains patients présentent un risque de récidive très faible et peuvent nécessiter un suivi minimal, voire aucun. D’autres, à haut risque, doivent être suivis de manière très intensive.

Ces exigences seront encore plus grandes à l’avenir. D’où la nécessité d’équipes multidisciplinaires et d’unités chirurgicales à haut volume.

Dr. Anton Titov, MD : Ainsi que l’initiative des patients à rechercher le traitement adéquat. Ils doivent comprendre l’importance de consulter un chirurgien oncologue expérimenté dans le type de chirurgie appropriée.

Dr. Torbjorn Holm, MD : Nous faisons face à des obstacles pour offrir les meilleurs soins. Dans le système de santé suédois, par exemple, il n’y a pas de marché libre. Le patient ne peut pas choisir librement son hôpital.

Le gouvernement fixe le nombre d’opérations que chaque hôpital peut réaliser annuellement. C’est un problème. Mais j’espère que la demande des patients résoudra cela à l’avenir.

Si un patient souhaite se rendre dans un hôpital spécifique, le gouvernement devra le financer. Cet hôpital verra sa charge de travail augmenter, tandis que les centres moins populaires devront s’améliorer ou fermer. J’espère que ce sera l’avenir.

La disponibilité des traitements doit s’adapter aux besoins des patients. Ce sont eux qui devraient décider qui les traite, et non les médecins, comme cela a souvent été le cas.

Dr. Anton Titov, MD : Les patients doivent donc devenir de véritables consommateurs de soins. Le terme « client » ou « consommateur » a parfois une connotation négative en médecine, à tort.

Dr. Torbjorn Holm, MD : Car « patient » signifie quelqu’un qui attend patiemment. La médecine évolue autrement. L’avenir sera radicalement différent.

Les patients exigeront des informations, voudront se rendre dans des unités spécialisées, et réclameront les meilleurs traitements. Ils découvriront les options optimales sur internet et dans les registres ouverts. Voilà l’avenir.

Dr. Anton Titov, MD : Professeur Holm, merci pour cette conversation très instructive. L’oncologie est un domaine passionnant.

Le cancer du rectum est un défi complexe, mais des progrès considérables ont été accomplis. Notre discussion laisse entrevoir des avancées encore plus grandes à venir. Merci beaucoup !

Dr. Torbjorn Holm, MD : Merci à vous !