Thérapie génique des maladies oculaires 
 
 Ataluren pour l'aniridie 
 Luxturna pour la dystrophie rétinienne 
 
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Thérapie génique des maladies oculaires Ataluren pour l'aniridie Luxturna pour la dystrophie rétinienne 12

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Spécialiste de renom en ophtalmologie pédiatrique et en thérapie génique, le Dr Dominique Bremond-Gignac décrit comment des traitements innovants comme Luxturna pour la dystrophie rétinienne et Ataluren pour l’aniridie transforment la prise en charge des maladies oculaires rares. Ces thérapies offrent un espoir de récupération visuelle chez l’enfant lorsque les approches conventionnelles s’avèrent inefficaces.

Thérapie génique pour les maladies oculaires : traitements actuels et perspectives d’avenir

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Aperçu de la thérapie génique en ophtalmologie

La thérapie génique marque un tournant majeur dans le traitement des maladies oculaires rares, l’œil constituant un modèle idéal pour la recherche médicale. Le Dr Dominique Bremond-Gignac souligne les progrès significatifs accomplis, rappelant que le premier médicament de thérapie génique oculaire a été approuvé très récemment. Cette avancée représente une étape clé en ophtalmologie, faisant passer la discipline de la recherche théorique à des traitements concrets qui transforment la vie des patients souffrant de déficiences visuelles d’origine génétique.

Luxturna pour la dystrophie rétinienne RPE65

Luxturna (voretigene neparvovec) est une thérapie génique novatrice approuvée pour la dystrophie rétinienne liée à des mutations du gène RPE65. Le Dr Dominique Bremond-Gignac en explique le principe : un vecteur viral délivre une copie fonctionnelle du gène RPE65 directement aux cellules rétiniennes. L’intervention chirurgicale consiste à injecter l’agent viral sous la rétine, permettant la production de la protéine RPE65, absente chez les enfants atteints, et ciblant ainsi la cause génétique de leur perte visuelle.

Résultats d’essais cliniques et devenir des patients

Les premiers essais cliniques de Luxturna ont donné des résultats très encourageants. Le Dr Dominique Bremond-Gignac cite une étude portant sur cinq enfants traités par cette approche innovante. Certains ont présenté une amélioration visuelle significative. Ces succès initiaux démontrent le potentiel de la thérapie génique non seulement pour freiner l’évolution de la maladie, mais aussi pour restaurer en partie la vision, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans le traitement des affections rétiniennes héréditaires.

Ataluren et thérapie génique pour l’aniridie

Au-delà des maladies rétiniennes, la thérapie génique est aussi explorée pour des affections cornéennes comme l’aniridie. Le Dr Dominique Bremond-Gignac évoque l’Ataluren, une autre stratégie prometteuse reposant sur un mécanisme similaire de contournement des anomalies génétiques. Ce médicament permet à la machinerie cellulaire de « ignorer » les codons stop prématurés, favorisant ainsi la synthèse d’une protéine fonctionnelle. Cette approche pourrait s’appliquer à diverses maladies génétiques causées par des mutations non-sens.

Le Dr Dominique Bremond-Gignac souligne son intérêt particulier pour les pathologies cornéennes, où les traitements classiques sont limités. La capacité à « sauter » les codons stop pour restaurer la production protéique représente une avancée génétique sophistiquée, élargissant le champ des possibles pour de nombreuses affections oculaires.

Avenir de la thérapie génique pour les maladies oculaires

Bien qu’encore naissant, le domaine de la thérapie génique oculaire évolue rapidement. Le Dr Dominique Bremond-Gignac indique que des traitements ciblant d’autres mutations que RPE65 sont déjà en développement, élargissant les applications de cette technologie. Son entretien avec le Dr Anton Titov révèle que la communauté scientifique explore divers vecteurs viraux et modes d’administration, susceptibles d’étendre ces traitements à différentes structures de l’œil, rétine et cornée comprises.

Comme l’explique le Dr Dominique Bremond-Gignac, les propriétés uniques de l’œil en font une cible de choix pour la thérapie génique. Son isolement relatif et son faible risque immunitaire réduisent les effets secondaires systémiques, tandis que son accessibilité facilite l’administration directe. Ces atouts font de l’ophtalmologie un fer de lance dans le développement des technologies génétiques.

Nouvel espoir pour les patients atteints de maladies oculaires rares

La thérapie génique offre un espoir inédit aux patients souffrant de maladies oculaires génétiques rares, jusqu’alors considérées comme incurables. Le Dr Dominique Bremond-Gignac souligne son impact transformateur, en particulier pour les enfants menacés de cécité, qui peuvent désormais espérer retrouver une vision fonctionnelle. Cela marque un changement de paradigme : on passe du traitement des symptômes à la correction de la cause génétique sous-jacente.

La discussion avec le Dr Anton Titov met en lumière le caractère pionnier de la thérapie génique, qui exige une validation scientifique rigoureuse avant son application clinique. Comme le conclut le Dr Dominique Bremond-Gignac, ces avancées portent un espoir crucial pour les patients et leurs familles, inaugurant une nouvelle ère dans la prise en charge ophtalmologique.

Transcription intégrale

Dr. Anton Titov, MD: Thérapie génique des maladies oculaires. Quel est son avenir ? Et où en sont les progrès les plus significatifs en ophtalmologie aujourd’hui ?

Dr. Dominique Bremond-Gignac, MD: La thérapie génique est un défi d’actualité. Nous faisons face à de nombreuses maladies oculaires rares. Mais l’œil présente un avantage : c’est un petit laboratoire pour la recherche médicale.

Le premier médicament de thérapie génique oculaire vient tout juste d’être approuvé – en août – pour les maladies rétiniennes. Il s’agit de Luxturna, destiné aux enfants porteurs d’une mutation RPE65 responsable de dystrophie rétinienne.

Le concept est très intéressant : on utilise un vecteur viral pour faire produire la protéine manquante directement dans la rétine. On intervient sous la rétine pour déposer le vecteur viral et permettre la synthèse de la protéine RPE65.

Nous avons débuté un essai clinique chez cinq enfants atteints de dystrophie rétinienne traités par Luxturna. Nous sommes très satisfaits, car certains ont obtenu d’excellents résultats.

Je pense que nous n’en sommes qu’au début. D’autres thérapies géniques ciblant d’autres mutations sont en cours de développement.

C’est passionnant pour la rétine, mais cela pourrait aussi s’appliquer à la cornée, comme avec l’Ataluren pour l’aniridie. Il s’agirait là aussi de contourner un codon stop pour restaurer la production protéique.

Nous ne faisons que commencer, mais il est extraordinaire d’imaginer que des patients puissent recouvrer la vue. Des enfants condamnés à la cécité peuvent aujourd’hui retrouver une vision utile.

C’est un immense espoir pour les patients. Pour nous tous, c’est très important, car tant de maladies ne peuvent être guéries par les approches conventionnelles, médicamenteuses ou chirurgicales.

La thérapie génique est à la pointe de la science, et elle doit être appliquée avec toute la rigueur scientifique nécessaire. Absolument !