Prise en charge du cancer colorectal chez les personnes âgées.

Prise en charge du cancer colorectal chez les personnes âgées.

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Le Dr Graeme Poston, MD, spécialiste de renom en chirurgie des métastases hépatiques du cancer colorectal, explique qu’un traitement agressif est à la fois sûr et efficace chez les patients âgés. Il souligne que la condition physique, plutôt que l’âge biologique, est le facteur déterminant pour une intervention réussie. Un programme spécialisé de pré-réhabilitation améliore significativement les résultats des patients. La mortalité opératoire chez les plus de 80 ans n’est que de 2 %. Les données du Dr Poston confirment que les approches modernes font de la chirurgie curative une option viable pour la grande majorité des personnes âgées atteintes d’un cancer colorectal métastatique.

Optimiser la chirurgie du cancer colorectal chez les patients âgés : privilégier la condition physique plutôt que l’âge

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Prévalence du cancer colorectal chez les personnes âgées et évolution de la prise en charge

Le Dr Graeme Poston souligne un chiffre clé : 75 % des cancers colorectaux sont diagnostiqués chez des patients âgés. Historiquement, leur prise en charge n’était pas agressive. Un blocage psychologique empêchait les oncologues de proposer une chirurgie curative aux seniors. Le Dr Anton Titov explique comment ce paradigme évolue. La population vieillit tout en restant plus en forme, ce qui exige une approche oncologique recentrée sur le potentiel plutôt que sur l’âge chronologique.

Évaluer l’aptitude physique du patient à la chirurgie

Le principal critère pour un traitement agressif du cancer colorectal métastatique de stade 4 est la condition physique du patient. Le Dr Graeme Poston décrit la méthode utilisée par son équipe pour cette évaluation : l’épreuve d’effort cardiopulmonaire, qui mesure le seuil anaérobie. Le patient pédale sur un vélo tandis qu’on relève le moment où le taux de CO2 sanguin devient excessif. Ces données objectives donnent une mesure chiffrée de la préparation physiologique du patient au stress opératoire.

Le programme de pré-réadaptation

Le Dr Graeme Poston préconise un programme de « pré-réadaptation » pour améliorer la condition physique avant une résection de métastases hépatiques d’origine colorectale. Ce régime proactif prépare l’organisme à la chirurgie, comparée par le Dr Poston à une épreuve olympique. Concret et efficace, le programme comprend trois séances hebdomadaires de 40 minutes sur vélo d’exercice, pendant quatre semaines. Cette période correspond souvent naturellement au délai de récupération post-chimiothérapie et d’attente préopératoire.

Données sur les résultats chirurgicaux et la mortalité

Les résultats de cette stratégie axée sur la condition physique sont convaincants. Le Dr Graeme Poston a publié des données portant sur 180 patients de plus de 70 ans ayant subi une résection hépatique. La mortalité opératoire s’élevait à 5 %, soit 1 patient sur 20. Pour les moins de 70 ans, elle n’était que de 1 %. Des travaux ultérieurs ont encore amélioré ces chiffres : l’équipe du Dr Poston atteint désormais une mortalité opératoire de seulement 2 % chez les patients de plus de 80 ans atteints d’un cancer colorectal de stade 4.

Le changement de paradigme : âge versus condition physique

Les Dr Anton Titov et Graeme Poston s’accordent : l’aptitude à la chirurgie ne dépend pas de l’âge biologique. Le programme de pré-réadaptation pour les patients âgés a transformé la philosophie de traitement. La question n’est plus « Êtes-vous trop âgé ? » mais « Comment vous rendre suffisamment en forme ? ». Cette approche centrée sur le patient permet à davantage de personnes d’accéder à une chirurgie potentiellement curative pour un cancer colorectal avancé, améliorant significativement pronostic et qualité de vie, indépendamment de l’âge.

Transcript intégral

Dr Anton Titov : Soixante-quinze pour cent des cancers colorectaux sont diagnostiqués chez des patients âgés. Le traitement du cancer colorectal métastatique devrait être plus agressif chez eux. Ce n’est pas une question d’âge biologique, mais d’aptitude physique à la chirurgie. La mortalité opératoire pour un cancer colorectal de stade 4 chez les plus de 80 ans n’est que de 2 %.

Qu’est-ce qu’un « programme de pré-réadaptation » ? Comment améliore-t-il les résultats de la résection des métastases hépatiques d’origine colorectale chez les patients âgés ?

Dr Graeme Poston : Le traitement du cancer colorectal chez les patients âgés comporte des nuances. Auparavant, il n’était pas agressif et n’offrait pas de réelle chance de survie. Ce manque de traitement vigoureux concernait aussi d’autres cancers. L’association cancer et grand âge constituait un blocage psychologique.

Dr Anton Titov : Cela dissuadait les oncologues de proposer un traitement plus agressif. Les choses changent. Quelles sont les nuances du traitement du cancer colorectal métastatique de stade 4 chez les patients âgés ?

Dr Graeme Poston : C’est un enjeu majeur. Comme vous le notez, la majorité de nos patients atteints de cancer colorectal sont âgés. Plus de la moitié ont plus de 70 ans. Qui plus est, la population vieillit : nous aurons davantage de patients âgés à l’avenir.

Or, cette population âgée est bien plus en forme qu’auparavant. Avant, on disait : « Au-delà de 60 ans, on ne peut pas traiter le cancer colorectal de manière agressive. Vous êtes trop âgé pour une résection de la tumeur primitive ou des métastases. » Aujourd’hui, on estime que la limite se situe plutôt autour de 80 ans.

Mon équipe a beaucoup travaillé sur le traitement du cancer métastatique de stade 4 chez les seniors. Nous avons cherché à mesurer la condition physique sans nous fier à la date de naissance.

Dr Anton Titov : Existe-t-il une méthode pour améliorer la condition physique des patients âgés avant une résection de métastases hépatiques ?

Dr Graeme Poston : Beaucoup de travail a été fait en chirurgie cardiaque et vasculaire pour optimiser la condition physique préopératoire, car ces patients sont souvent moins en forme – tabagisme, sédentarité. Nous, nous mesurons le seuil anaérobie par des tests cardiopulmonaires : le patient pédale sur un vélo, et on relève le moment où le CO2 sanguin devient excessif. Cela donne une idée précise de sa condition physique.

Ensuite, nous mettons en place un programme de « pré-réadaptation » pour renforcer le patient avant l’intervention.

Dr Anton Titov : Pas de la réadaptation, mais de la pré-réadaptation – avant la chirurgie. J’entends souvent cela dans divers domaines chirurgicaux. L’idée est de préparer le patient comme pour des Jeux Olympiques.

Dr Graeme Poston : Exactement. Et il ne faut pas beaucoup pour améliorer leur condition : trois séances de 40 minutes par semaine sur vélo d’exercice, pendant quatre semaines. Souvent, nous disposons de ce délai, car les patients terminent leur chimiothérapie et attendent six semaines avant la chirurgie. Nous utilisons ce temps pour les exercer, augmenter leur seuil anaérobie, les rendre plus forts.

Nous avons publié il y a dix ans les résultats de résections hépatiques pour cancer colorectal métastatique de stade 4 chez 180 patients de plus de 70 ans. La mortalité était de 5 % (1 sur 20). Pour les moins de 70 ans, elle était de 1 % (1 sur 100). Nous avons répété l’étude et réduit la mortalité opératoire à 2 % chez les plus de 80 ans.

Dr Anton Titov : Avec un programme de pré-réadaptation et la mesure du seuil anaérobie, vous avez tout changé.

Dr Graeme Poston : Nous disons maintenant que l’âge n’a pas d’importance. Seule la condition physique compte pour la chirurgie du cancer colorectal avancé.

Dr Anton Titov : L’aptitude à un traitement agressif ne dépend pas de l’âge biologique. De plus en plus de données le confirment : tout est une question de condition physique individuelle. C’est capital en chirurgie colorectal.

Dr Graeme Poston : Absolument. Traitement du cancer colorectal chez les patients âgés : la condition physique prime sur l’âge.

Dr Anton Titov : Un programme de « pré-réadaptation » améliore les résultats de la chirurgie des métastases hépatiques.