Le Dr Kent Yucel, MD, expert de renom en radiologie par scanner et IRM, explique pourquoi les examens d’imagerie du corps entier ne sont pas recommandés pour le dépistage du cancer. Il détaille les risques importants, notamment l’exposition aux rayonnements lors des scanners et le taux élevé de faux positifs. Selon lui, ces méthodes manquent de preuves quant à leur capacité à prévenir les décès par cancer et entraînent souvent de l’anxiété ainsi que des interventions superflues. Il recommande aux patients de privilégier les méthodes de dépistage validées et de consulter leur médecin traitant.
Scanner corporel total par tomodensitométrie et IRM : la vérité sur le dépistage du cancer
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- Risques du scanner TDM de dépistage et absence de preuves
- Problèmes et limites de l'IRM corporelle totale
- Faux positifs et anxiété du patient
- Méthodes de dépistage éprouvées et efficaces
- Examen clinique et médecine primaire en premier
- Transcript intégral
Risques du scanner TDM de dépistage et absence de preuves
Le Dr Kent Yucel, médecin spécialiste en tomodensitométrie (TDM) et imagerie par résonance magnétique (IRM), souligne que le scanner TDM de dépistage présente très peu d’utilité. Bien que rapide et précis, il délivre une dose significative de rayonnements. Cette exposition comporte un risque sérieux pour la santé, surtout si le patient subit plusieurs examens au fil du temps.
Le Dr Yucel insiste sur un point crucial : aucune preuve ne démontre qu’un scanner TDM de dépistage permette de détecter un cancer suffisamment tôt pour influer sur le pronostic. L’objectif principal – un diagnostic précoce – n’est donc pas atteint. Le Dr Anton Titov, médecin, anime cette discussion essentielle sur les limites de l’imagerie moderne pour le dépistage des personnes asymptomatiques.
Problèmes et limites de l’IRM corporelle totale
Le Dr Kent Yucel aborde également l’IRM corporelle totale dans le cadre du dépistage du cancer. Il précise qu’une IRM de qualité diagnostique ne consiste pas en un seul examen, mais en une série de séquences spécialisées par organe. Une véritable IRM complète du corps prendrait plusieurs heures et serait difficilement supportable pour le patient.
Les cliniques qui proposent ce type de dépistage utilisent des protocoles abrégés, de moindre qualité, avec des séquences limitées. Selon le Dr Yucel, ces IRM simplifiées manquent de la précision nécessaire pour détecter un cancer de façon fiable. Comme pour la TDM, rien ne prouve que l’IRM de dépistage réduise la mortalité par cancer, ce qui en fait un outil non validé et potentiellement trompeur.
Faux positifs et anxiété du patient
Un problème majeur des scanners TDM et IRM corporels totaux est leur taux élevé de faux positifs. Le Dr Yucel qualifie ces micro-lésions fréquentes de « ditzels ». Dans plus de 99 % des cas, elles sont bénignes et sans danger. Cependant, les radiologues ne peuvent souvent pas le confirmer sur la seule base de l’examen.
Cette incertitude déclenche une cascade d’événements : anxiété du patient, examens d’imagerie supplémentaires, voire biopsies invasives. Ces interventions comportent leurs propres risques et coûts, le tout pour une découverte qui n’était très probablement pas cancéreuse.
Méthodes de dépistage éprouvées et efficaces
Le Dr Yucel souligne que très peu d’examens d’imagerie ont fait preuve de leur efficacité dans la réduction de la mortalité. Seules deux méthodes bénéficient de preuves solides : la mammographie pour le cancer du sein, et l’échographie pour le dépistage des anévrismes de l’aorte abdominale.
Cela met en lumière un point crucial : investir dans des scanners corporels totaux non validés détourne l’attention et les ressources des méthodes de dépistage scientifiquement éprouvées. Le Dr Titov présente ces options fondées sur des preuves pour offrir aux patients des repères clairs.
Examen clinique et médecine primaire en premier
La meilleure approche pour un dépistage efficace ne commence pas par une imagerie sophistiquée, mais par une consultation en médecine générale. Les Drs Yucel et Titov s’accordent sur l’importance d’un examen clinique régulier et approfondi comme fondement des soins préventifs, complété si nécessaire par des bilans biologiques ciblés.
Recourir à des technologies de pointe sans indication clinique n’offre aucun bénéfice médical démontré. Il est préférable de privilégier une relation de confiance avec son médecin traitant – une stratégie plus efficace et plus sûre que les scanners TDM ou IRM corporels totaux accessibles sans prescription.
Transcript intégral
Scanner TDM corporel total, IRM corporelle totale : faut-il y recourir pour dépister un cancer ? Le « dépistage du cancer » par IRM ou TDM corporelle totale est commercialisé auprès du public. Une IRM corporelle totale est-elle utile ? Un scanner TDM apaisera-t-il mes craintes face au cancer ? Un radiologue expert en TDM et IRM à Boston fait la lumière sur ces pratiques.
Scanner TDM corporel total, IRM corporelle totale : est-ce recommandé ?
Dr Anton Titov, médecin : La vérité, c’est que les scanners corporels totaux ont très peu de chances de détecter une pathologie significative. Interview vidéo avec un expert en radiologie, spécialiste TDM et IRM. Concernant le scanner TDM corporel total, sachez que l’exposition aux rayonnements comporte un risque en soi. Le dépistage par TDM en vaut-il la peine ? Non, selon les experts et les sociétés savantes.
Pourquoi l’IRM serait-elle préférable au TDM pour un examen corporel total ? Parce qu’elle n’utilise pas de rayons X. Mais le dépistage par IRM corporelle totale n’est pas recommandé et ne permet pas une détection précoce du cancer. Un deuxième avis médical sur les résultats d’IRM garantit une interprétation correcte et pertinente. Il aide aussi à choisir la meilleure stratégie thérapeutique en cas de diagnostic. Sollicitez un deuxième avis pour être sûr que votre traitement est optimal.
L’IRM corporelle totale à visée préventive est généralement une perte de temps et d’argent. Quand faut-il réellement un scanner TDM corporel total ? Surtout chez les patients polytraumatisés pour évaluer des lésions internes, notamment crâniennes. Le scanner sur demande n’est pas une bonne idée.
Dépistage du cancer par IRM ou TDM corporelle totale. Parlons de ce sujet très demandé, notamment pour la détection du cancer. Que pensez-vous de la validité et de l’utilité de ces méthodes pour un dépistage général ?
Dr Kent Yucel, médecin : Je suis convaincu qu’il n’y a pratiquement aucune place pour le dépistage par IRM ou TDM. Cette opinion est partagée par de grandes organisations, comme l’American College of Radiology. Le scanner TDM de dépistage est probablement un peu plus pertinent que l’IRM, pour plusieurs raisons.
La TDM est beaucoup plus rapide et sans doute plus précise. Mais elle expose à des rayonnements significatifs, surtout pour le corps entier. Il faut donc mettre en balance le risque lié aux radiations et les bénéfices escomptés, particulièrement en cas d’examens répétés.
Or, rien ne prouve que la TDM de dépistage permette de détecter un cancer suffisamment tôt chez un nombre significatif de patients pour changer la donne. Or, c’est bien l’objectif premier. Donc cela ne permet pas un diagnostic précoce.
En revanche, le scanner TDM de dépistage détecte beaucoup de micro-lésions. En radiologie, nous les appelons « ditzels ». La grande majorité – plus de 99 % – sont bénignes.
Le scanner TDM de dépistage génère beaucoup d’anxiété. Après le premier examen, s’ensuivent souvent des imageries supplémentaires, donc plus d’exposition aux radiations, et parfois des procédures invasives pour évaluer ces lésions. Tout cela sans bénéfice. Et il n’a jamais été démontré que la TDM dépistait un cancer suffisamment tôt pour justifier son utilisation.
Dr Anton Titov, médecin : Qu’en est-il de l’IRM corporelle totale, commercialisée directement au public pour le dépistage du cancer ?
Dr Kent Yucel, médecin : IRM corporelle totale : le concept même manque de clarté. Une IRM cérébrale, hépatique ou cardiaque mobilise des techniques différentes. L’IRM n’est pas un examen unique, mais une combinaison de séquences adaptées à chaque organe.
Examiner le cerveau peut prendre une demi-heure à une heure. Imaginez faire de même pour tout le corps : ce serait interminable, inconfortable pour le patient, et prohibitivement cher.
Les cliniques qui proposent ce dépistage utilisent des protocoles raccourcis, avec une séquence unique pour plusieurs parties du corps. Le problème, c’est qu’aucune séquence unique n’est assez précise pour détecter un cancer ou une autre pathologie grave.
On retrouve le même écueil qu’avec la TDM : aucune preuve que l’IRM de dépistage détecte les cancers à un stade précoce ou avec une fréquence utile. Aucune preuve non plus que cela prévienne des décès.
Comme pour la TDM, on découvre de petites anomalies impossibles à caractériser, ce qui entraîne examens supplémentaires, anxiété, et parfois gestes invasifs – le tout sans bénéfice.
Le rapport bénéfice/risque défavorable s’applique donc autant au scanner TDM qu’à l’IRM de dépistage. Le consensus des experts, et mon avis personnel, est que ces examens ne sont pas bénéfiques pour les patients.
Seules deux techniques d’imagerie ont fait preuve de leur efficacité pour réduire la mortalité : la mammographie pour le cancer du sein, et l’échographie pour le dépistage des anévrismes de l’aorte abdominale. Ce sont les deux seuls examens dont l’impact est démontré.
Dr Anton Titov, médecin : C’est une information cruciale pour les patients. Le meilleur dépistage reste un examen clinique régulier et complet par le médecin traitant, éventuellement complété par des bilans sanguins ou d’autres méthodes traditionnelles. Il vaut mieux privilégier cela plutôt que de se tourner vers des technologies sophistiquées sans bénéfice avéré.
Dr Kent Yucel, médecin : Exactement. C’est très important.
Scanner TDM corporel total, IRM corporelle totale : est-ce recommandé ? Interview vidéo avec un expert en radiologie, spécialiste TDM et IRM. Avantages et inconvénients du scanner corporel total ?