Comprendre les fibromes utérins : symptômes, diagnostic et traitements disponibles.

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Cette revue exhaustive révèle que les fibromes utérins touchent 70 à 80 % des personnes ayant un utérus au cours de leur vie, jusqu'à 50 % d'entre elles présentant des symptômes tels que des saignements abondants, une anémie ou une pression pelvienne. Les patientes noires souffrent d'une forme plus sévère de la maladie et subissent des retards de diagnostic moyens de cinq ans. Bien que l'hystérectomie demeure courante, des alternatives efficaces existent, notamment les antagonistes oraux de la GnRH (réduisant les saignements de 50 à 75 % et la douleur de 40 à 50 %), l'embolisation des artères utérines et diverses techniques d'ablation. Toutes ces options procurent un soulagement symptomatique substantiel tout en préservant l'utérus.

Comprendre les fibromes utérins : symptômes, diagnostic et options thérapeutiques

Table des matières

Le problème clinique : impact des fibromes sur les patientes

Les fibromes utérins (ou léiomyomes) sont des tumeurs bénignes de la paroi utérine et représentent la principale indication d’hystérectomie. Ces lésions fréquentes touchent jusqu’à 70 à 80 % des personnes ayant un utérus au cours de leur vie, bien que seule la moitié environ des femmes concernées présentent des symptômes.

Les symptômes peuvent altérer considérablement la qualité de vie, notamment :

  • Des saignements menstruels abondants et prolongés, pouvant nécessiter jusqu’à 8 ou 9 tampons par jour lors des jours les plus intenses
  • Une anémie ferriprive et la fatigue qui l’accompagne
  • Une sensation de pesanteur pelvienne et des ballonnements abdominaux
  • Des douleurs menstruelles et non menstruelles
  • Des symptômes de compression affectant la fonction intestinale (constipation), vésicale (pollakiurie, impériosités ou rétention urinaire) et sexuelle (dyspareunie)

Les retards diagnostiques sont un problème majeur : un tiers des patientes attendent environ 5 ans avant d’obtenir un diagnostic, et certaines plus de 8 ans. Ces délais affectent négativement la fertilité, la qualité de vie et la stabilité financière. Dans une étude qualitative, 95 % des patientes symptomatiques ont rapporté des effets psychologiques, incluant dépression, inquiétude, colère et détresse liée à l’image corporelle.

La recherche met en lumière d’importantes disparités raciales. Les patientes noires présentent un début plus précoce des fibromes, un risque cumulatif plus élevé de symptômes, une charge globale de maladie plus importante et une présentation clinique plus sévère que les patientes blanches. Elles sont également plus susceptibles de subir une hystérectomie ou une myomectomie, tout en exprimant une préférence plus marquée pour les thérapies non invasives afin d’éviter l’ablation de l’utérus.

Méthodes de diagnostic et d'évaluation

L’échographie pelvienne est la méthode d’imagerie initiale la plus rentable pour diagnostiquer les fibromes. Elle fournit des informations sur leur taille, localisation et nombre, tout en permettant d’éliminer d’autres masses pelviennes. Elle est particulièrement recommandée en cas de saignements utérins anormaux, de masses pelviennes palpables ou de symptômes de pesanteur et de ballonnements.

Cependant, l’échographie présente des limites lorsque le volume utérin dépasse 375 ml ou en présence de plus de quatre fibromes. Dans ces cas, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) offre une meilleure visualisation et est particulièrement utile en cas de suspicion de sarcome utérin (un cancer rare, touchant environ 1 patiente sur 770 à 10 000 présentant des saignements anormaux) ou pour planifier des alternatives à l’hystérectomie.

La Fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique a développé un système de classification (types 0-8) qui aide les cliniciens à décrire la localisation des fibromes par rapport à la cavité utérine et à la surface externe. Ce système facilite une communication plus claire et une planification thérapeutique personnalisée, les chiffres les plus bas indiquant des fibromes plus proches de la muqueuse endométriale.

Options de traitement médical

Pour les patientes souhaitant éviter la chirurgie, plusieurs options médicales sont disponibles. Les hormones contraceptives constituent généralement le traitement de première intention pour les saignements abondants liés aux fibromes, bien que les preuves de leur efficacité soient considérées de faible qualité.

D’autres options incluent :

  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pris pendant les règles
  • L’acide tranéxamique pris durant les menstruations
  • Les agonistes de l’hormone de libération des gonadotrophines (GnRH) sous forme retard, pour un usage à court terme

L’avancée la plus significative dans le traitement médical provient des associations d’antagonistes oraux de la GnRH, qui combinent :

  1. Un antagoniste oral de la GnRH (élagolix ou relugolix), inhibant rapidement la production stéroïdienne ovarienne
  2. De l’estradiol et un progestatif à des doses produisant des taux systémiques équivalents à la phase folliculaire précoce

Les essais cliniques montrent que ces associations réduisent efficacement les saignements menstruels abondants de 50 à 75 %, diminuent la douleur de 40 à 50 % et améliorent les symptômes de masse avec une réduction modeste du volume utérin (environ 10 %). Les effets secondaires restent relativement faibles, les bouffées de chaleur, céphalées et nausées survenant chez moins de 20 % des patientes.

Ces médicaments sont actuellement approuvés pour 24 mois d’utilisation aux États-Unis et sans limitation de durée dans l’Union européenne. Cependant, ils ne fournissent pas de contraception, ce qui représente une limite pour une utilisation à long terme chez de nombreuses patientes.

Alternatives chirurgicales et interventionnelles

Plusieurs procédures permettent de réduire les saignements, diminuer la taille des fibromes et améliorer la qualité de vie sans recourir à l’hystérectomie. L’approche appropriée dépend largement de la taille et de la localisation des fibromes.

Les approches transcervicales (par le col utérin) conviennent aux fibromes plus petits classés types 1-4 (localisations sous-muqueuses à intramurales). Elles incluent :

  • La myomectomie hystéroscopique : utilisation d’un petit endoscope pour exciser les fibromes sous visualisation directe
  • L’ablation par radiofréquence transcervicale : utilisation d’énergie ciblée guidée par échographie intra-utérine pour provoquer une nécrose coagulative

Les approches abdominales sont nécessaires pour les fibromes plus volumineux ou ceux classés types 5-7 (localisations sous-séreuses). Elles incluent :

  • L’embolisation des artères utérines : procédure mini-invasive utilisant un cathétérisme pour libérer des particules emboliques dans les artères utérines, provoquant un infarctus ischémique des fibromes
  • L’ablation par ultrasons focalisés sous guidage IRM : procédure non invasive utilisant une énergie ultrasonore ciblée sur les fibromes avec guidage IRM
  • L’ablation par radiofréquence laparoscopique : réalisée par de petites incisions abdominales sous guidage échographique
  • La myomectomie : ablation chirurgicale des fibromes par incisions dans la paroi utérine

La recherche montre que l’embolisation des artères utérines procure un soulagement substantiel des symptômes, bien qu’un essai randomisé ait montré que la myomectomie était supérieure en termes d’amélioration de la qualité de vie. Les deux approches améliorent significativement les symptômes par rapport à l’absence de traitement.

Recommandations cliniques pour les patientes

Sur la base de cette revue complète des preuves, les patientes atteintes de fibromes utérins devraient considérer l’approche suivante :

  1. Rechercher une évaluation rapide en cas de saignements menstruels abondants (utilisation de plus de 5-6 tampons/serviettes par jour lors des jours les plus intenses), pesanteur pelvienne ou accidents menstruels
  2. Demander une échographie pelvienne comme première étape diagnostique, particulièrement en cas de saignements utérins anormaux ou de masses pelviennes palpables
  3. Discuter des disparités raciales avec votre médecin – les patientes noires devraient être informées de leur risque accru et d’une évolution potentiellement plus sévère
  4. Envisager d’abord les options médicales – les associations d’antagonistes oraux de la GnRH offrent une réduction significative des symptômes avec un profil d’effets secondaires acceptable
  5. Explorer les procédures conservatrices de l’utérus avant d’opter pour l’hystérectomie, incluant l’embolisation des artères utérines et diverses techniques d’ablation
  6. Traiter préventivement l’anémie ferriprive, cette complication fréquente affectant significativement la qualité de vie

Pour la patiente décrite dans la vignette clinique – une femme noire de 33 ans avec saignements menstruels abondants, anémie ferriprive et multiples fibromes, anticipant une grossesse dans 2 ans – l’approche recommandée privilégierait initialement un traitement médical par associations d’antagonistes oraux de la GnRH, suivi d’une réévaluation des symptômes et des objectifs de fertilité.

Limites de l'étude

Bien que cette revue fournisse des informations précieuses, plusieurs limites doivent être notées :

  • Les hormones contraceptives restent le traitement de première intention malgré des preuves de faible qualité soutenant leur efficacité pour les saignements liés aux fibromes
  • De nombreux essais cliniques ont exclu les patientes avec des fibromes volumineux ou sous-muqueux, limitant la généralisation des résultats pour ces présentations fréquentes
  • Les associations d’antagonistes oraux de la GnRH ne fournissent pas de contraception, créant des limitations pour une utilisation à long terme
  • Les modulateurs sélectifs des récepteurs à la progestérone ne sont pas disponibles aux États-Unis en raison de préoccupations concernant une toxicité hépatique rare mais sévère
  • Davantage de recherche est nécessaire sur les résultats à long terme au-delà de 24 mois pour les nouvelles thérapies médicales

Informations sur la source

Titre original de l'article : Uterine Fibroids
Auteurs : Elizabeth A. Stewart, M.D. et Shannon K. Laughlin-Tommaso, M.D., M.P.H.
Publication : The New England Journal of Medicine, 7 novembre 2024
DOI : 10.1056/NEJMcp2309623

Cet article adapté aux patientes est basé sur une recherche évaluée par les pairs originellement publiée dans The New England Journal of Medicine. Il préserve toutes les découvertes significatives, points de données et recommandations cliniques de l'œuvre originale tout en rendant l'information accessible aux patientes éduquées.