Le Dr Steven Austad, MD, PhD, chercheur de premier plan sur le vieillissement, fait le point sur les médicaments visant à ralentir ce processus. Il évoque les bénéfices avérés de la metformine chez les diabétiques et la nécessité de mener des essais cliniques chez des personnes en bonne santé. Le Dr Austad souligne également le potentiel de la rapamycine et d’une nouvelle classe de médicaments, les sénolytiques. Plus de 20 essais cliniques sont actuellement en cours pour étudier ces composés. Il met en garde contre l’automédication avec des compléments non réglementés avant que des recherches rigoureuses n’aient été menées.
Médicaments anti-âge : Metformine, Rapamycine et Sénolytiques en essais cliniques
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- Metformine dans le traitement du diabète
- Effets de la metformine chez les personnes en bonne santé
- Rapamycine dans la recherche sur le vieillissement
- Sénolytiques et essais cliniques
- Mise en garde concernant l'industrie des compléments alimentaires
- Avenir de la recherche sur le vieillissement
- Transcription intégrale
Metformine dans le traitement du diabète
La metformine est le traitement de première intention du diabète de type 2 depuis plus de 60 ans. Selon le Dr Steven Austad, médecin et docteur en sciences, ses bénéfices pour les patients diabétiques sont bien documentés. Outre le contrôle de la glycémie, elle semble réduire le risque de plusieurs maladies liées à l’âge. Le Dr Anton Titov, médecin, souligne son potentiel pour diminuer l’incidence de la démence, des cardiopathies et des cancers chez les diabétiques.
Effets de la metformine chez les personnes en bonne santé
La question centrale reste de savoir si la metformine présente un intérêt pour les non-diabétiques en bonne santé. Le Dr Steven Austad indique qu’il n’existe pas encore de données concluantes sur ses effets dans cette population. On ignore si elle est bénéfique ou si elle pourrait entraîner des effets secondaires subtils la rendant inadaptée. Des essais cliniques sont désormais en cours pour évaluer son rôle dans le vieillissement.
Rapamycine dans la recherche sur le vieillissement
La rapamycine est une autre molécule prometteuse pour moduler le vieillissement. Le Dr Steven Austad rappelle ses effets remarquables observés chez la souris, suggérant des propriétés anti-âge. Comme pour la metformine, son impact chez l’humain en bonne santé reste à déterminer. Des études préliminaires explorent actuellement son innocuité et son efficacité. Le passage de la recherche animale aux applications cliniques humaines marque une avancée majeure.
Sénolytiques et essais cliniques
Les sénolytiques forment une nouvelle classe de médicaments ciblant les cellules sénescentes. Le Dr Steven Austad explique qu’ils agissent en éliminant ces cellules qui s’accumulent avec l’âge. Certains sont des combinaisons de chimiothérapies anticancéreuses, d’autres sont disponibles sous forme de compléments alimentaires. Plus de 20 essais cliniques évaluent actuellement leur potentiel anti-âge.
Mise en garde concernant l'industrie des compléments alimentaires
Le Dr Steven Austad met en garde contre l’automédication avec des compléments vendus comme anti-âge. L’industrie des compléments, non réglementée, pose des problèmes de sécurité : la composition réelle ne correspond pas toujours à l’étiquette. Le Dr Anton Titov insiste sur l’importance d’attendre les résultats cliniques avant toute utilisation. L’enthousiasme pour les sénolytiques doit être tempéré par la rigueur scientifique et la prudence.
Avenir de la recherche sur le vieillissement
Le domaine des interventions pharmaceutiques sur le vieillissement avance rapidement grâce aux essais cliniques. Le Dr Steven Austad décrit une période charnière où des décennies de recherche fondamentale passent au stade applicatif. Les études sur la metformine, la rapamycine et les sénolytiques ouvrent des voies prometteuses, mais une validation clinique rigoureuse reste indispensable. L’objectif est de développer des interventions fondées sur des preuves pour prolonger la santé.
Transcription intégrale
Dr Anton Titov, médecin : En matière de médicaments, on entend beaucoup parler de la metformine et de la rapamycine depuis des années. Quelles sont les avancées récentes concernant les agents pharmaceutiques et le vieillissement ? Où en est-on avec la metformine ?
Dr Steven Austad, médecin et docteur en sciences : On connaît bien les effets de la metformine chez les diabétiques. C’est le traitement de référence depuis des décennies, avec soixante ans de recul. En revanche, on ignore si elle est bénéfique pour les personnes en bonne santé.
Chez les diabétiques, elle ne se contente pas de réguler la glycémie : elle semble aussi réduire les risques de démence, de maladies cardiaques, de cancer et d’autres affections graves.
Mais pour la metformine – tout comme pour la rapamycine, aux effets impressionnants chez la souris – on ne sait pas comment elles agissent sur des sujets sains. Faut-il les prendre ? Y a-t-il un bénéfice ? Existe-t-il des effets secondaires subtils qui contre-indiquent leur usage ? C’est encore flou. Heureusement, des essais sur l’humain sont désormais lancés.
Pendant des années, nous avons accumulé des connaissances sur le vieillissement chez les rongeurs, sans les transposer à l’humain. Cela change aujourd’hui.
Une étude sur la metformine chez des sujets sains vient de démarrer. Il y a aussi quelques petits essais sur la rapamycine, et toute une série de nouveaux médicaments.
Les fameux sénolytiques. Ils ciblent les cellules sénescentes qui s’accumulent avec l’âge. Certains associent des chimiothérapies anticancéreuses ; d’autres sont en vente libre en magasins diététiques.
Si leur efficacité se confirme, nous pourrions déjà disposer de molécules très utiles pour la santé. Simplement, elles n’ont pas encore été correctement étudiées.
Vous remarquerez que je ne cite pas les noms de ces sénolytiques. Je déconseille de courir les acheter en magasin.
L’industrie des compléments alimentaires n’est pas réglementée. On ne peut même pas être sûr que le contenu corresponde à l’étiquette.
Mais l’enthousiasme est réel : plus de 20 essais cliniques sont en cours avec ces molécules. Ils en sont à un stade préliminaire, mais les perspectives sont très excitantes.