Différences homme-femme dans la réponse au régime anti-âge. Sexe et restriction calorique. 5 points clés.

Différences homme-femme dans la réponse au régime anti-âge. Sexe et restriction calorique. 5 points clés.

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Expert de premier plan en biologie du vieillissement, le Dr Matt Kaeberlein, MD, PhD, explique comment les différences entre les sexes influencent les réponses aux régimes anti-âge. Il aborde les effets variables de la restriction calorique chez les souris mâles et femelles, soulignant le rôle des changements hormonaux et du fond génétique. Le Dr Kaeberlein constate également que les interventions pharmacologiques ont des effets sur la longévité qui varient selon le sexe. Les mécanismes sous-jacents à ces différences demeurent un domaine crucial pour les recherches futures.

Différences entre les sexes face à la restriction calorique et aux régimes anti-âge

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Différences entre les sexes dans la réponse à la restriction calorique

Le Dr Matt Kaeberlein, MD, PhD, souligne les différences significatives observées entre les organismes mâles et femelles face à la restriction calorique. Ces réponses sexo-spécifiques sont bien documentées dans les études sur les souris de laboratoire. Il note qu’une même intervention diététique peut produire des résultats très variables selon le sexe, ce qui complique l’élaboration de recommandations anti-âge universelles.

Influence du fond génétique sur les effets du régime

L’interaction entre le fond génétique et la réponse diététique ajoute une couche de complexité à la recherche sur le vieillissement. Le Dr Kaeberlein indique que peu d’études ont exploré les liens entre génotype et restriction calorique. Il relève qu’au sein d’un même fond génétique murin, mâles et femelles peuvent réagir très différemment à une intervention diététique identique. Cette variabilité génétique plaide en faveur d’approches nutritionnelles personnalisées.

Mécanismes hormonaux et hypothèses

Le Dr Kaeberlein évoque les mécanismes potentiels expliquant les réponses différenciées selon le sexe. Il avance l’hypothèse que les écarts hormonaux entre mâles et femelles joueraient un rôle clé. La restriction calorique modifie notablement les hormones de croissance, telles que l’hormone de croissance et la testostérone. Ces changements pourraient éclairer pourquoi les régimes anti-âge n’agissent pas de la même manière selon le sexe, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour valider ces mécanismes.

Interventions pharmacologiques et sexe

Les effets liés au sexe ne se limitent pas aux interventions diététiques ; ils concernent aussi les approches pharmacologiques. Le Dr Kaeberlein cite le programme d’essais du National Institute on Aging (NIA), qui a identifié huit ou neuf médicaments prolongeant la durée de vie. La plupart de ces composés sont efficaces chez un sexe mais pas chez l’autre, ce qui met en lumière l’enjeu des réponses sexo-spécifiques dans les thérapies anti-âge.

Effets particuliers de la rapamycine sur la longévité

Le Dr Kaeberlein présente la rapamycine comme une exception notable parmi les composés anti-âge. Contrairement à la plupart des interventions, elle prolonge significativement la durée de vie chez les souris mâles et femelles. Toutefois, les femelles semblent y être plus sensibles à dose équivalente. Ce profil unique rend la rapamycine particulièrement intéressante pour l’étude des différences entre les sexes dans les interventions sur le vieillissement.

Recherches futures et transposition chez l'humain

Le Dr Kaeberlein insiste sur l’importance cruciale de comprendre les différences entre les sexes pour transposer ces résultats à l’humain. Il identifie ce domaine comme prioritaire pour les recherches futures, avec des retombées cliniques potentielles significatives. Déterminer si certaines interventions anti-âge fonctionnent mieux chez les hommes ou les femmes sera essentiel pour développer des traitements efficaces. Les questions du Dr Anton Titov, MD, soulignent la pertinence de ces travaux pour une médecine personnalisée du vieillissement.

Transcription intégrale

Dr. Anton Titov, MD : Ce sujet est très intéressant, notamment sur le plan génétique. Mais il existe aussi des différences entre les sexes dans la réponse aux régimes de restriction calorique. Que sait-on de ces écarts, des mécanismes sous-jacents et de leurs implications ?

Dr. Matt Kaeberlein, MD : Je range cela dans la même catégorie que la génétique. De toute évidence, hommes et femmes diffèrent génétiquement, ne serait-ce que par la présence d’un chromosome entier. Quant aux différences observées entre mâles et femelles dans les études sur la restriction calorique, les mécanismes restent flous.

Dans les études sur les souris – et il faut noter qu’il existe peu de travaux sur l’interaction entre génotype et réponse à la restriction calorique – les données sont limitées. Mais dans les quelques études disponibles, le constat est que, pour un fond génétique murin donné, mâles et femelles réagissent parfois très différemment à la même intervention diététique.

Les mécanismes sous-jacents demeurent obscurs. On peut spéculer : chez les souris comme chez l’humain, il y a d’importantes différences hormonales entre les sexes. La restriction calorique affecte profondément des hormones liées à la croissance, comme l’hormone de croissance ou la testostérone.

Il est possible, voire plausible, que certains effets sexo-spécifiques de la restriction calorique découlent de ces modifications hormonales globales. Mais très peu d’études ont testé cette hypothèse. Et ce phénomène ne se limite pas à la restriction calorique.

Pour de nombreuses approches pharmacologiques ayant prolongé la durée de vie chez la souris, on observe des effets dépendants du sexe. Le programme d’essais du NIA a identifié huit ou neuf médicaments augmentant la longévité. La plupart agissent chez un sexe et pas chez l’autre, ou bien ont un effet bien plus marqué chez l’un des deux.

Nous ne comprenons pas les mécanismes en jeu. Une exception notable est la rapamycine, qui agit fortement chez les mâles et les femelles. Pourtant, même ici, les femelles semblent plus sensibles : à dose égale, l’extension de la durée de vie est généralement plus importante chez elles.

C’est une question fascinante et cruciale, reconnue comme telle dans le domaine, mais nous manquons encore de réponses. Pour la transposition à l’humain, il est essentiel de clarifier cet aspect. Comprendre si une intervention a plus de chances de réussir chez les hommes ou les femmes ouvrirait la voie à des traitements mieux ciblés.

Je pense que ce sera un champ de recherche très porteur dans les années à venir.