Recherche sur le vieillissement. La plupart des animaux de laboratoire sont des « échecs du vieillissement ».

Recherche sur le vieillissement. La plupart des animaux de laboratoire sont des « échecs du vieillissement ».

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Le Dr Steven Austad, MD, expert de renom en recherche sur le vieillissement, explique comment l'étude d'animaux à la longévité exceptionnelle peut révéler les secrets de la longévité humaine. Selon lui, les modèles de laboratoire traditionnels, comme les souris et les vers, sont inadaptés à l'étude du vieillissement, car ces espèces se détériorent trop rapidement. Le Dr Austad préconise plutôt la recherche sur des espèces qui vieillissent plus lentement que les humains. Cette approche pourrait permettre de découvrir de nouveaux mécanismes biologiques pour prolonger la durée de vie en bonne santé.

Étudier les animaux à longue durée de vie pour percer les secrets du vieillissement humain

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Modèles animaux dans la recherche sur le vieillissement

Le Dr Steven Austad souligne l’importance cruciale du choix des modèles animaux dans l’étude du vieillissement. Il observe que presque toutes les espèces animales vieillissent, ce qui en fait autant de modèles d’étude potentiels. Le Dr Austad insiste sur le fait que le choix de l’organisme modèle influence directement ce que les chercheurs peuvent découvrir sur les mécanismes du vieillissement humain.

Au cours de son entretien avec le Dr Anton Titov, il explore comment différentes espèces offrent des perspectives uniques. Le Dr Austad explique que les chercheurs doivent choisir stratégiquement les animaux à étudier pour maximiser la pertinence de leurs découvertes pour la santé et la longévité humaines.

Longévité humaine chez les mammifères uniques

Les humains constituent un cas exceptionnel parmi les mammifères en matière de vieillissement. Le Dr Steven Austad souligne que nous vieillissons plus lentement que la plupart des autres espèces. Il précise que l’humain est le mammifère terrestre ayant la plus longue durée de vie, ce qui souligne notre singularité dans le règne animal.

Cette longévité remarquable soulève des questions fondamentales sur les mécanismes biologiques qui nous permettent de rester en bonne santé plus longtemps. Selon le Dr Austad, comprendre ces mécanismes pourrait ouvrir la voie à des avancées majeures dans la recherche anti-âge et le développement d’interventions pour prolonger la durée de vie en bonne santé.

Apprendre des espèces à vieillissement lent

Le Dr Steven Austad propose une approche novatrice de la recherche sur le vieillissement. Plutôt que d’étudier des espèces à courte durée de vie, il préconise de se concentrer sur celles qui vieillissent plus lentement que les humains. Ces espèces, selon lui, détiennent les enseignements les plus précieux pour comprendre et potentiellement prolonger la longévité humaine.

Au cours de son échange avec le Dr Anton Titov, il explique que la nature regorge d’exemples de longévité exceptionnelle. En étudiant ces modèles de vieillissement réussi, les chercheurs pourraient découvrir de nouvelles voies biologiques et mécanismes applicables à des thérapies anti-âge pour l’humain.

Variation de la longévité dans la nature

Selon le Dr Steven Austad, la diversité des durées de vie dans le monde animal est immense. Cette variété représente à la fois un défi et une opportunité pour les chercheurs. Initialement, le Dr Austad abordait cette question comme un problème scientifique abstrait lié aux différences biologiques entre espèces.

Mais comme il l’explique au Dr Anton Titov, il mesure désormais les implications pratiques de la compréhension de cette variation. Face au vieillissement croissant de la population mondiale, la recherche sur les mécanismes de longévité revêt une importance capitale pour la santé humaine et la médecine.

Limitations de la recherche biomédicale

Le Dr Steven Austad exprime des réserves sur les approches actuelles de la recherche biomédicale sur le vieillissement. Il qualifie les animaux de laboratoire couramment utilisés d’« échecs avérés du vieillissement », car ils se détériorent bien plus rapidement que les humains. Des espèces comme les vers, les souris et les mouches dominent pourtant la recherche, malgré leurs différences fondamentales avec le vieillissement humain.

Cette préoccupation est au cœur de sa discussion avec le Dr Anton Titov. Il s’interroge : peut-on vraiment comprendre le vieillissement humain en étudiant des organismes dont la trajectoire de vie et la longévité diffèrent si radicalement des nôtres ?

Directions futures de la recherche sur le vieillissement

Le Dr Steven Austad esquisse une nouvelle orientation pour la recherche sur le vieillissement, au-delà des modèles traditionnels. Son travail, notamment son prochain livre « Methuselah's Zoo », explore les enseignements que la nature peut offrir sur la longévité en examinant des espèces exceptionnellement longévives.

Cette approche marque un changement de paradigme dans la recherche d’interventions anti-âge. Plutôt que de se concentrer uniquement sur la réparation des dommages chez des modèles à courte durée de vie, le Dr Austad suggère d’étudier les espèces qui évitent naturellement une détérioration rapide. Cette stratégie pourrait révéler des approches fondamentalement nouvelles pour prolonger la durée de vie en bonne santé.

Transcription intégrale

Dr Anton Titov : Vous avez publié deux livres passionnants : « Pourquoi nous vieillissons : ce que la science nous révèle du parcours du corps au fil de la vie », traduit dans au moins huit langues. Votre nouvel ouvrage, « Methuselah's Zoo : ce que la nature peut nous apprendre sur la longévité », paraîtra cette année aux éditions MIT Press.

Commençons par une discussion sur les animaux comme modèles d’étude du vieillissement. Comment expliquer les énormes différences de durée de vie entre les espèces ?

Dr Steven Austad : C’est effectivement un point crucial. Depuis mon entrée dans le domaine de la recherche sur le vieillissement, le choix des animaux modèles me préoccupe beaucoup. Si l’on y réfléchit, presque tous les animaux vieillissent, donc presque tous pourraient servir de modèles.

Mais les humains sont différents : nous vieillissons plus lentement que la majorité des espèces. Nous sommes le mammifère non marin ayant la plus longue durée de vie. La question est : que pouvons-nous apprendre d’autres espèces qui éclairerait la longévité humaine ?

Mon idée est de nous tourner vers les espèces qui vieillissent encore plus lentement que nous. C’est là que se trouvent les leçons de la nature.

Vous avez raison, il existe des écarts considérables entre les organismes à la durée de vie la plus courte et la plus longue. Au départ, je voulais comprendre ces différences d’un point de vue abstrait.

Avec le temps, j’ai réalisé que ce n’était pas qu’une question théorique. Cela préoccupe de plus en plus l’humanité, surtout face au vieillissement démographique mondial.

Je m’inquiète aussi du fait que la recherche biomédicale utilise majoritairement des animaux qui sont, en quelque sorte, des « échecs » du vieillissement — ils se détériorent bien plus vite que nous. Je crains que l’étude des vers, des souris et des mouches ne nous apporte pas toutes les réponses nécessaires.